Air France : fin de la grève des pilotes, sans accord

Le SNPL, principal syndicat de pilotes d'Air France, a mis fin dimanche 28 septembre à une grève historique de quatorze jours mais la reprise du travail va se dérouler dans un climat tendu, la direction confirmant le développement de Transavia France de façon unilatérale. Les passagers devront patienter jusqu'à mardi 30 septembre pour un début de retour à la normale. Mais la reprise pourrait se révéler compliquée car le Spaf, deuxième syndicat représentatif des pilotes d'Air France (12 % des voix aux élections professionnelles), a maintenu son préavis de grève, qui court jusqu'à ce jour-là. Le trafic restera fortement perturbé lundi 29 septembre. Air France prévoit d'assurer "près de 60 %" de ses vols. "Les avions ayant été immobilisés plusieurs jours, des vérifications obligatoires sont nécessaires avant une reprise de l'activité", a expliqué la compagnie. Si le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL, majoritaire) a décidé d'en finir avec cette grève engagée le 15 septembre, aucun accord n'a été trouvé avec la direction sur Transavia France, filiale low-cost du groupe. "Les conditions du dialogue social ne sont aujourd'hui pas réunies, nous avons décidé de prendre nos responsabilités en levant le mouvement de grève", a expliqué le porte-parole du SNPL, Guillaume Schmid, disant vouloir "poursuivre les discussions dans un cadre plus serein". Ces personnels étaient en grève depuis quatorze jours - un record - pour obtenir un contrat unique pour les pilotes d'Air France et de Transavia car ils redoutent de voir fondre les avantages du statut Air France au profit du statut Transavia, moins généreux. La direction, qui n'a pas cédé sur ce point, a de nouveau affirmé dimanche 28 septembre que ce projet était stratégique. "Nous allons maintenant nous atteler au développement de Transavia en France avec l'ambition prévue", a déclaré le PDG du groupe franco-néerlandais, Alexandre de Juniac. "Nous allons pouvoir enfin lutter à armes égales avec les compagnies low-cost concurrentes. Cette réforme est vitale", a-t-il estimé.
Le SNPL a déploré ces propos, estimant que la direction allait mettre en œuvre son projet "de façon unilatérale avec le plus profond mépris pour le dialogue social". "Nous sommes une nouvelle fois consternés par l'attitude de la direction qui met en danger aujourd'hui par ses provocations la sérénité nécessaire à la reprise des vols", a déclaré Jean-Louis Barber, président du SNPL Air France Alpa. Les syndicats avaient déjà accusé la semaine dernière Alexandre de Juniac de bloquer personnellement les négociations.

Soutien indéfectible du Premier ministre

Vendredi 26 septembre, le SNPL avait conditionné la fin de la grève à la nomination "d'un médiateur indépendant", afin d'examiner une solution alternative. Proposition rejetée par Matignon et par la direction. Le Premier ministre, Manuel Valls, avait stigmatisé "l'attitude égoïste" des pilotes et leur avait demandé de renoncer au "contrat unique", incompatible avec le modèle du low-cost. Dimanche 28 septembre, il a renouvelé son soutien à la direction de la compagnie, détenue à 16 % par l'État. "Le gouvernement sera aux côtés de la compagnie et de ses salariés, que cet épisode a plongés dans l'inquiétude, pour les soutenir dans leurs efforts", a déclaré Manuel Valls, estimant que Transavia France représentait "un atout indéniable". Il s'est en outre justifié de sa fermeté dans ce dossier. "Il en allait de l'avenir d'Air France, de son développement à travers l'extension du projet Transavia France qui est indispensable", a-t-il dit. "Notre pays connaît beaucoup de blocages et ma tâche, ma mission, est bien de lever ces blocages et de conduire les réformes quand il en va de l'intérêt général du pays", a-t-il commenté. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a souligné que le bilan de ce "conflit interminable" était "très mauvais". "Pour la compagnie, 280 millions d'euros de perte, 110.000 touristes qui ont été obligés d'annuler leur vol, c'est 30.000 voyages d'affaires", a-t-il commenté. La grève aura coûté 15 à 20 millions d'euros par jour, soit 300 millions (lundi inclus) au total sans compter les dédommagements des passagers et des voyagistes qui feront grimper la facture. Le PDG d'Air France, Frédéric Gagey, a jugé impératif de regagner la confiance des passagers dont une partie a voyagé sur les lignes des compagnies concurrentes notamment EasyJet et Ryanair. "Il est temps maintenant de repartir en avant de reconstruire sur les bases d'une cohésion retrouvée", a-t-il déclaré alors que des centaines de salariés ont manifesté la semaine dernière contre les pilotes. Frédéric Gagey a souligné qu'il serait sur le terrain à Roissy dès lundi 29 septembre. La direction devra aussi discuter avec les pilotes de Transavia France : ces derniers redoutent que le transfert de pilotes d'Air France chez Transavia retarde leur propre déroulement de carrière.

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