Alstom : le gouvernement impose une négociation sur l'usine de Belfort

Le PDG d'Alstom a été convoqué à Bercy jeudi 8 septembre pour se voir imposer "une phase de négociation" au lendemain de l'annonce de l'arrêt de la production de trains sur son site historique de Belfort d'ici deux ans.
La convocation à grande vitesse du patron d'Alstom témoigne de l'agacement du gouvernement. Henri Poupart-Lafarge a été sermonné par le ministre de l'Économie, Michel Sapin, et son nouveau secrétaire d'État à l'Industrie, Christophe Sirugue, qui "lui ont fait part de leur incompréhension du caractère soudain et non concerté de cette annonce", indique Bercy.
L'entreprise, confrontée à une pénurie de commandes, prévoit de transférer sa production de locomotives de Belfort à Reichshoffen (Bas-Rhin) d'ici 2018. Pas de fermeture de site, ni de plan social, assure Alstom, qui s'engage à soumettre aux 400 salariés concernés "une proposition de transfert, s'ils le souhaitent", vers ses autres usines dans l'Hexagone.
Hors de question pour l'exécutif d'entériner ce scénario à quelques mois de la présidentielle. D'autant plus que l'État siège depuis février au conseil d'administration d'Alstom et qu'il envisage d'acquérir 20 % du capital du groupe. "Les ministres ont demandé à Henri Poupart-Lafarge, avant toute décision définitive, d'engager une phase de discussion et de négociation avec l'État, les partenaires sociaux, les élus locaux et l'ensemble des parties prenantes", ajoute le ministère.
Syndicats et élus locaux seront reçus "dès le début de la semaine prochaine" par Christophe Sirugue, qui "considère que rien à ce stade n'est définitif". "Il n'y a rien de concret", a réagi Pascal Novelin, délégué CGT du site de Belfort. "Ils veulent des discussions avec les organisations syndicales ? Pour quoi faire ? Pour nous expliquer comment ils fermeront notre usine ?"
Le sacrifice de Belfort, berceau de la première locomotive vapeur du groupe et, plus récemment, de sa première motrice TGV, "n'est pas une bonne nouvelle" non plus pour Reichshoffen, déclare Daniel Dreger, porte-parole de l'intersyndicale CGT-FO du site alsacien. Le carnet de commandes de l'usine franc-comtoise était devenu si léger qu'"en l'état, on va transférer zéro charge à Reichshoffen", affirme-t-il. Le site compte sur une commande de trente trains Intercités, annoncée en février par le secrétaire d'État aux Transports, Alain Vidalies, mais qui "n'a toujours pas été notifiée", selon le syndicaliste.

Commandes confirmées pour Reichshoffen

"Je confirme qu'il y aura une nouvelle commande d'au moins trente rames", a déclaré Alain Vidalies jeudi 8 septembre lors d'un déplacement dans le Loiret. Ce serment doit se traduire en actes à l'issue d'une concertation avec les régions sur l'avenir des lignes Intercités, dont le terme est fixé au 15 octobre. Ces commandes concernent "le site de Reichshoffen, potentiellement celui de Valenciennes", mais "elles ne seront malheureusement pas la solution pour l'avenir de Belfort", a-t-il averti. Alstom compte aussi beaucoup sur le mégacontrat du RER "nouvelle génération", qui doit être attribué avant la fin de l'année par la SNCF et le Syndicat des transports d'Île-de-France (Stif). Un marché d'ores et déjà crucial pour son usine de Valenciennes, la plus grande en France avec 1.250 salariés.

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