Ascométal : les candidats abattent leurs dernières cartes

Soutien de l'État et des syndicats à l'offre tricolore, alliance de dernière minute entre deux candidats : l'audience du tribunal de commerce de Nanterre, qui décidera du sort d'Ascométal le 22 mai, a connu mercredi 14 mai plusieurs rebondissements.
Mercredi 14 mai, l'audience pour la reprise d'Ascométal avait à peine débuté quand l'État a brisé le silence qu'il entretenait depuis la mise en redressement judiciaire il y a deux mois de ce fleuron de la sidérurgie française, qui emploie plus de 1.900 salariés sur six sites en France. Dans une lettre adressée au procureur du tribunal de commerce de Nanterre, le commissaire au redressement productif de la région Île-de-France, Mathieu Aufauvre, a fait part du soutien de l'État à l'offre présentée par l'énarque Frank Supplisson, ex-directeur de cabinet d'Éric Besson au ministère de l'Industrie.
"L'intérêt national général impose que seule la solution renforçant notre économie soit retenue. Il apparaît ainsi nécessaire d'œuvrer dans cette voie en soutenant pleinement la reprise d'Ascométal par la société" Asco Industrie, soutenue également par l'ex-président d'Airbus Noël Forgeard et l'ex-directeur général d'Arcelor Guy Dollé.
Pour l'État, l'offre française est la seule parmi les quatre déposées qui reprend l'ensemble des six sites du groupe et "la quasi-totalité des salariés". "C'est par ailleurs la seule à maintenir le centre de décision en France", souligne le commissaire.
L'État est prêt à financer l'opération avec un prêt de 35 millions d'euros via le Fonds de développement économique et social (FDES) et "se réserve la possibilité de faire intervenir au capital ou en quasi-capital un opérateur financier", a assuré le ministre de l'Économie, Arnaud Montebourg, dans une lettre adressée à Frank Supplisson. La proposition de Frank Supplisson était la seule à maintenir le site du Cheylas (Isère)... jusqu'à l'audience.

Offre commune surprise

Le fonds de retournement Anchorage, soutenu par les banques créancières d'Ascométal, Morgan Stanley et Bank of America, a en effet créé la surprise en présentant une "proposition commune" avec l'industriel algérien Cevital, qui a repris FagorBrandt le mois dernier. Cette offre propose de "conserver l'ensemble des sites, de maintenir 1.800 emplois et d'en créer 512", a expliqué le PDG du groupe algérien, Issad Rebrab, à la sortie de l'audience. Surtout, cette offre commune prévoit désormais 620 millions d'investissements, dont 550 sur le site de Fos-sur-Mer, des montants beaucoup plus élevés que les offres concurrentes. Cevital, qui ne figurait pas parmi les quatre repreneurs potentiels, avait présenté une lettre d'intention et avait cherché à "se marier avec un des quatre candidats", ont expliqué des sources proches du dossier. "Mais le mariage avec Anchorage n'a pas été acté, l'offre commune n'ayant pas été présentée de manière définitive", ont expliqué des sources proches du dossier.
Pour sa part, le groupe sidérurgique Gerdau a élevé son financement à 390 millions d'euros et proposé de conserver 1.586 emplois, auxquels s'ajoutent 166 embauches, pour un total de 1.752.
Le groupe Apollo, l'actionnaire d'Ascométal, prévoit le maintien de 1.756 emplois, l'apport de 50 millions d'euros en cash et environ 120 millions d'investissements sur quatre ans.
Outre l'État, Frank Supplisson peut compter sur le soutien de la CGT, syndicat majoritaire. "Si vous choisissez Gardau, il y aura le feu à Fos et dans tout Ascométal", a prévenu un délégué CGT devant le tribunal.
Gerdau, de son côté, dispose d'un autre atout : l'administrateur d'Ascométal appuie son offre de reprise.
La société énergétique suisse BKW était également présente à l'audience pour présenter une offre "complémentaire et compatible avec l'offre qui sera retenue" pour la reprise des centrales hydroélectriques dont dispose Ascométal dans l'Isère. "Elle envisage d'investir 20 millions d'euros", ont indiqué des sources proches du dossier.
Plombée par une dette de 360 millions d'euros, l'ancienne filiale d'Usinor spécialisée dans les aciers spéciaux pour l'automobile et le secteur pétrolier, avait été placée en redressement judiciaire le 7 mars, après l'échec de négociations entre son actionnaire, le fond américain Apollo, et ses créanciers, les banques américaines Morgan Stanley et Bank of America.

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