Biocarburants : la France veut infléchir la position de Bruxelles

La France souhaite faire revenir la Commission européenne sur sa proposition de freiner le recours aux agrocarburants de première génération, a-t-on appris lundi 13 mars auprès du ministère de l'Agriculture. La Commission a annoncé le 1er décembre qu'elle souhaitait réduire de manière draconienne la part des produits agricoles dans les biocarburants de première génération entre 2021 et 2030, en réduisant le taux d'incorporation à 3,8 % en 2030 au lieu de 7 % aujourd'hui en France. Les discussions officielles sur le texte lui-même sont annoncées pour juillet 2017, sous présidence estonienne. La France souhaite "inciter" à développer la seconde génération de biocarburants "au lieu de taper sur la première", a indiqué le ministère de l'Agriculture. Le ministère souligne les enjeux liés à l'utilisation des biocarburants, enjeux environnementaux, d'indépendance énergétique (baisse des importations de pétrole) mais aussi enjeux industriels alors qu'une "filière a investi là-dedans". "Le vrai risque, c'est que si on tire à boulets rouges sur la première génération (de biocarburants, NDLR) il y a un risque sur la seconde génération", indique-t-on au ministère. Les betteraviers français avaient fait part de leur colère en décembre dernier, après cette prise de position de Bruxelles, dénonçant un "coup de poignard" dans le dos de la filière, une des rares dont l'horizon était encore dégagé dans l'agriculture française. Les producteurs d'oléoprotéagineux s'étaient également montrés inquiets pour l'avenir de la filière française du colza, jusqu'à présent très dépendante de ses débouchés dans l'énergie, composée, outre des producteurs, d'une dizaine d'usines de trituration et d'usines d'esthérisation.
Pour le principal syndicat agricole européen, le Copa-Cogeca, les biocarburants, y compris de première génération, sont la seule solution réelle de remplacement des carburants fossiles sur le long terme et sans eux, l'UE ne parviendra pas à réaliser ses objectifs en matière de climat et d'énergie. Une thèse contraire à celle de nombreuses ONG : longtemps vus comme l'alternative idéale aux carburants fossiles, les agrocarburants sont depuis plusieurs années épinglés en raison de leur impact négatif sur la production alimentaire, la déforestation et à terme, le climat. C'est l'une des raisons avancées par la Commission pour ses objectifs croissants d'incorporation de biocarburants dits avancés ou deuxième génération, fabriqués à base de déchets agricoles et forestiers ou de microalgues, pour atteindre 3,6 % en 2030 et ainsi remplacer les biocarburants de première génération. Mais cette nouvelle technologie entre à peine en phase d'industrialisation et va nécessiter des investissements conséquents.

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