Chercheurs de charbon au fond des eaux de Birmanie

Chercheur de charbon au fond des eaux : la profession existe, en Birmanie, où la population dépend largement au quotidien de ce combustible traditionnel. Que ce soit dans les cuisines familiales ou chez les restaurateurs de rue, le charbon reste au cœur des foyers dans ce pays d'Asie du Sud-Est en développement, où les deux tiers de la population n'ont toujours pas accès à l'électricité. Vendeur de charbon est ainsi une profession répandue, qui a pignon sur rue sur les marchés, où les sacs du combustible noir s'entassent par montagnes. La plus grande partie du charbon est fabriquée artisanalement. Mais une minorité du précieux combustible connaît un curieux destin avant d'arriver là : il est pêché dans les voies d'eau de la région par des plongeurs, qui sont plusieurs dizaines à vivre de ce métier. Than Hlaing fait partie des plongeurs de cette petite entreprise familiale, au sein de laquelle pères, cousins et frères plongent ensemble, à la recherche de charbon. "Nous pensons qu'il vient de cargaisons de bateaux qui transportaient du charbon il y a des années", explique Than Hlaing, sur le petit bateau qui l'emmène sur le site de plongée du jour, sur le fleuve Yangon, tout près de la première ville du pays, Rangoun. La mousson est la haute saison pour ces plongeurs. La visibilité sous l'eau est meilleure, avec comme contrepartie, des plongées rendues dangereuse par la puissance des courants. Ils organisent leurs plongées au hasard, notamment dans la zone de confluence du fleuve Yangon et de la rivière Pan Hlaing.

Épaves de bateaux

Les plongeurs sont à la recherche d'épaves de bateaux ayant sombré ou d'autres qui auraient volontairement rejeté une partie d'une cargaison trop lourde. Les hommes plongent à plusieurs dizaines de mètres de profondeur. Leur équipement est rudimentaire : le tuyau fixé à leur bouche est alimenté en oxygène par un moteur diesel. "Le principal danger, c'est quand le tuyau d'oxygène relié aux plongeurs casse et quand le moteur tombe en panne", explique Than Hlaing. Les hommes tendent hors de l'eau des paniers tressés remplis de gros blocs de charbon, destinés à être revendus à des grossistes. Ces derniers mois, à six plongeurs, ils ont remonté entre 160 et 800 kg de charbon par jour. Chaque kilo de charbon ainsi récupéré leur rapporte environ 18 centimes d'euro, soit jusqu'à 144 euros pour toute l'équipe les meilleurs jours. Quand le filon du charbon se tarit, les plongeurs trouvent à se faire engager pour récupérer d'autres types de cargaisons. Il leur arrive parfois d'être engagés par des bateaux dont l'ancre est restée coincée au fond du lit de la rivière. "Parfois, nous trouvons des morceaux de fer", explique Than Hlaing, qui joue alors les ferrailleurs sous-marins. Selon l'Agence internationale de l'énergie, en 2011, 92 % de la population birmane utilisait encore des méthodes de cuisson par des énergies biomasse ou fossile comme le charbon. À titre de comparaison, ils étaient 26 % en Thaïlande voisine, bien plus développée. Outre une électrification encore incomplète, s'ajoute l'argument économique pour la population, même quand elle a accès à l'électricité : cuisiner à l'électricité ou au gaz revient plus cher que de recourir au traditionnel charbon. Le gouvernement réformateur birman a lancé plusieurs chantiers de modernisation depuis son arrivée au pouvoir en 2011, après l'autodissolution d'une junte militaire ayant fermé le pays pendant des décennies. Parmi ces chantiers, la construction de centrales électriques, dont une partie doit fonctionner au charbon. Aujourd'hui, la Birmanie dépend principalement de ses installations hydroélectriques, Selon les données de l'Agence internationale de l'électricité (IEA).

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