Chili : le train Arica-La Paz fête son centenaire

Cent ans après sa construction, le chemin de fer Arica-La Paz, maigre compensation accordée à la Bolivie par le Chili vainqueur de la Guerre du Pacifique, reste une prouesse d'ingénierie largement inutilisée.
Lundi 13 mai, la ligne de chemin de fer Arica-La Paz de 440 km reliant le Pacifique à la Cordillère des Andes entre régions arides, vallées fertiles, tunnels et pics à plus de 4.000 mètres, a fêté son centenaire sur fond de conflit frontalier qui ne désarme pas. La Bolivie a déposé officiellement le mois dernier devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye une plainte contre le Chili pour récupérer l'accès à l'océan Pacifique, perdu il y a plus de 130 ans. Le président chilien, Sebastian Piñera, a tenu à faire lundi une partie du trajet sur les quelque 200 km réhabilités côté chilien.
En 2005, cette partie avait été rendue inutilisables par des glissements de terrain provoqués par les pluies et la faillite de la société privée gérant la ligne. Après 45 millions de dollars d'investissements et deux années de travaux, le chemin de fer est à nouveau en service mais de manière très partielle. "Il n'a pas d'activité permanente. Depuis janvier nous ne faisons que des parcours test", a indiqué l'historien Hermann Mondaca. "Aucune démarche n'a été faite pour un transit permanent, rien n'est clair et rien ne fonctionne", a-t-il déploré.

330.000 tonnes par an

Le fonctionnement du chemin de fer est devenu une pomme de discorde supplémentaire entre le Chili et la Bolivie qui reproche à son voisin son manque de coopération. "Le commerce La Paz-Arica (essentiellement soja, minéraux et bois) est transporté par camion", a indiqué Guillermo Pou Mont, président de la Chambre des exportateurs de Bolivie. Du temps de sa splendeur, le chemin de fer transportait jusqu'à 330.000 tonnes de marchandises par an.
Les tensions entre la Bolivie et le Chili ont empêché également l'exploitation touristique de la ligne, qui n'a pas connu de passagers depuis une vingtaine d'années. "On pourrait acheter des locomotives modernes et desservir le tourisme entre les deux pays", estime Hermann Mondaca. "Un train de ce genre pourrait avoir une valeur touristique énorme", renchérit Sergio Gonzalez de l'université chilienne Arturo Prat. La Bolivie, pays andin et amazonien, est enclavée depuis plus de 130 ans après avoir perdu 120.000 km2 de son territoire, dont une bande de 400 km de littoral, à l'issue de la Guerre du Pacifique (1879-83) perdue, avec le Pérou, contre le Chili. Ce débouché perdu a causé un manque à gagner historique considérable à la Bolivie, aujourd'hui un des pays les plus pauvres d'Amérique du Sud. Aussi le "retour à la mer" est un thème-clé en Bolivie, inscrit dans la Constitution, et un des thèmes récurrents du gouvernement du président Evo Morales, premier président amérindien du pays et un des représentants de la gauche radicale latino-américaine.

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