Débat autour de sept autoroutes portugaises

Sept autoroutes portugaises, prévues pour être gratuites, sont devenues payantes en raison de la crise, une mesure de plus en plus contestée par ceux qui estiment que les péages freinent le tourisme et le développement de régions défavorisées.
Un débat anime le Portugal sur le fait que sept autoroutes gratuites soient devenues payantes. Les Scut, acronyme qui désigne les autoroutes "sans frais pour les utilisateurs", donc gratuites, avaient été créées en 1997 pour impulser le développement des régions les plus défavorisées de l'intérieur du pays. Mais la crise a eu raison de cette générosité, l'instauration de péages sur ces autoroutes ayant été l'une des mesures exigées par les bailleurs de fonds du Portugal en échange de l'aide exceptionnelle de 78 milliards d'euros, accordée en mai 2011.
Les critiques visent en particulier les péages sur l'autoroute A22, connue sous le nom de "via do infante", qui traverse sur 133 kilomètres d'ouest en est l'Algarve, la principale région touristique du pays, jusqu'à la frontière espagnole. L'Association des professionnels du tourisme de l'Algarve (Aheta) a appelé le gouvernement à les suspendre immédiatement dans "l'intérêt régional et national". "Ces péages sont un désastre. Ils vont entraîner d'énormes pertes pour l'économie, surtout à l'approche de la haute saison touristique", a expliqué Eliderico Viegas, président de l'Aheta. Le nombre de touristes venant de l'Espagne voisine "a déjà diminué de plus de 20 % sur un an depuis l'introduction des péages et cela devrait encore empirer pendant l'été", a-t-il ajouté. Le tourisme, qui représente près de 66 % du PIB régional, est la principale activité de l'Algarve qui accueille chaque année quelque 5 millions d'étrangers, d'après l'Institut du tourisme de la région.

Gratuites ou payantes ?

Sur ces autoroutes, les péages sont assurés par des portiques électroniques et le paiement se fait par un système de télépéage. Les habitants et professionnels de ces régions jouissent d'un régime d'exception, qui doit être réévalué fin juin, leur permettant de bénéficier de dix passages gratuits par mois. Les véhicules étrangers doivent en revanche, avant de les emprunter, se procurer un dispositif d'identification associé à une carte de crédit ou à un système de prépaiement.
"Ce système est injuste et confus, surtout dans une région ou la majorité des utilisateurs sont étrangers. Quand on veut attirer les touristes, on ne peut pas leur créer des difficultés de ce genre", a fait valoir M. Viegas.
Le mécontentement gagne également les utilisateurs des autres autoroutes devenues payantes dans le centre et le nord du pays, notamment entre la Galice (nord-ouest de l'Espagne) et le Minho (nord du Portugal). Pour protester contre ces péages, des portiques ont été vandalisés à plusieurs reprises. "Les Scut ont été construites pour aider l'économie des régions les plus déprimées, bénéficiant de fonds européens pour leur construction. Aujourd'hui, elles sont payées, alors pourquoi maintenir des péages dans un contexte économique fragile ?", s'interroge Sergio Ferraz du mouvement des utilisateurs opposés aux péages dans les anciennes Scut.
L'autre argument avancé par les opposants à ces péages concerne la sécurité routière. Les automobilistes préfèrent aujourd'hui emprunter les nationales plus dangereuses. Depuis, l'introduction des péages, la fréquentation de ces autoroutes a reculé de plus de 45 % dans le nord du pays et de 56 % en Algarve. "Il n'y pas d'alternative viable, observe M. Ferraz. Les routes nationales sont des artères dangereuses qui traversent les centres villes avec de nombreux passages piétons et feux rouges". "Depuis, le nombre d'accidents graves et mortels ont augmenté", rappelle de son côté le responsable de l'AAheta. Le gouvernement portugais a fait savoir qu'il étudiait l'impact de ces nouveaux péages et qu'il se prononcerait prochainement.

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