Drônes, cyber, missiles : les nouvelles menaces pour le transport aérien

Drones, cyber-attaques, missiles sol-air, vols entrants : la sûreté des aéroports est au cœur des préoccupations depuis les attaques de Bruxelles et Istanbul mais déjà d'autres menaces émergent avec l'enjeu d'y répondre en combinant l'outil technologique et la vigilance humaine.
Pendant très longtemps, la menace traditionnelle était l'introduction d'armes ou d'explosifs dans les avions. Chaussures piégées, cartouches d'imprimantes piégées, ordinateur piégé, explosifs liquides... l'histoire de l'aviation civile démontre que l'imagination des attaquants est sans limite. Après les attaques dans les zones publiques des aéroports belge et turc, le défi est désormais de renforcer les contrôles dans ces espaces ouverts des plateformes aéroportuaires.
Le 28 juin, trois kamikazes arrivés par taxi ont fait un carnage (47 morts) à l'aéroport Atatürk d'Istanbul. Pourtant, l'aéroport turc est équipé de postes d'inspection filtrage (Pif) dès l'entrée des terminaux. "Mais ça n'a pas été suffisant", constate aujourd'hui amèrement Mansur Gunes, responsable sûreté de l'aéroport. "Ils avaient été repérés dès leur arrivée en taxi mais l'analyse du risque n'a pas été suffisante", a-t-il regretté lors d'une intervention à l'École nationale de l'Aviation civile (Enac) à Toulouse.
À Bruxelles aussi, les attaquants sont arrivés par taxi. "L'analyse rapide des caméras de sécurité a permis de détecter une troisième bombe, et de sauver des vies", a raconté Wilfried Covent, responsable de sûreté de l'aéroport de Bruxelles. 16 personnes ont été tuées et 150 blessées.

Modéliser le comportement atypique

Le renseignement est unanimement considéré comme une clé essentielle de la lutte contre le terrorisme mais chaque employé doit être un "acteur de la sûreté", a estimé le préfet chargé de la protection et de la sécurité de l'État, Pascal Bolot, à Toulouse, citant l'exemple de l'aéroport britannique de Heathrow où la chaîne de sensibilisation est remontée jusqu'aux chauffeurs de taxi.
"Chaque agent est un capteur de situation délicate", a renchéri le préfet Christian Lambert, directeur sûreté à la SNCF. "Il faut une combinaison de mesures. Il faut qu'on parvienne à ce que le terroriste ne sache jamais d'où peut venir le contrôle", a ajouté Véronique Deleplace, sous-directrice sûreté et défense à la DGAC.
À Roissy, des équipes cynophiles ont été déployées, la vidéoprotection renforcée et des contrôles aléatoires instaurés. D'ici la fin de l'année, une nouvelle technologie de reconnaissance faciale par caméra sera testée. Des employés volontaires seront enregistrés dans une base de données pour évaluer sa fiabilité pendant quatre mois. En 2017, le gestionnaire de l'aéroport, ADP, travaillera également sur des caméras de détection de comportements atypiques, avec la difficulté de modéliser ce qu'est un comportement atypique dans un environnement aéroportuaire, cosmopolite par nature.
Mais pendant que les mailles du filet se resserrent dans les aéroports, d'autres menaces se profilent. L'utilisation de MANPADS (Man-portable air-défense systems) - des missiles sol-air de courte portée dont un grand nombre a été disséminé notamment après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en Libye (2011) - contre des avions en phase d'atterrissage ou de décollage figure parmi les sujets de préoccupation. La menace est réelle sur des aéroports internationaux situés dans des zones "à risque".
Dans ces mêmes pays, où la sûreté aéroportuaire présente des failles, la DGAC a mis en place un programme "vols entrants" qui consiste à envoyer sur place des équipes d'experts français chargés d'auditer les moyens mis en œuvre et d'émettre des recommandations. Autre source de préoccupation : les drones. Pour l'heure les interférences sur la trajectoire d'avions sont surtout liées à des défauts de vigilance. Mais leur capacité d'emport correspond à un tiers de leur poids et l'hypothèse d'une utilisation malveillante préoccupe les autorités.
Enfin, sur le terrain de la cyber-menace, le risque réel reste difficile à évaluer, selon Rachel Daeschler, directrice adjointe à la stratégie et à la sécurité à l'Agence européenne pour la sûreté aérienne. Mais avec des avions de plus en plus connectés, une digitalisation en plein essor, une chaîne d'approvisionnement difficile à contrôler et des architectures d'avions de plus en plus ouvertes à différents intervenants, les "chemins potentiels d'attaque" sont, selon elle, démultipliés.

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