Écotaxe : les coopératives dénoncent des incohérences

L'Écotaxe passe décidément mal dans le monde agricole : en l'état, affirment les coopératives qui affinent leurs calculs, un cochon transporté d'un département à l'autre de l'Ouest français serait davantage taxé qu'un autre roulant de Rotterdam à Barcelone.
Même si son entrée en vigueur a été repoussée au 1er janvier pour impréparation, l'Écotaxe est jugée "inacceptable" par les secteurs agricoles qui montent au front en rangs serrés pour fustiger une "usine à gaz" incompréhensible, génératrice à leurs yeux de distorsions marquées d'une région à l'autre et entre productions françaises et importées. "On accumule les réglementations absurdes et paralysantes", s'est insurgé jeudi 19 septembre le président de Coop de France (près de 3.000 entreprises coopératives), Philippe Mangin, en dénonçant une Écotaxe "imaginée pour favoriser les circuits courts" et réduire l'empreinte carbone, qui va en réalité "handicaper l'économie régionale" assène-t-il. Démonstation : l'arrêté du 25 juillet 2013 fixant "les taux de majoration de plein droit de la prestation de transport", facturé par le transporteur au client (agriculteur, coopérative, abattoir, industrie) est accompagné d'une annexe par région : de 2 % pour le Languedoc-Roussilllon ou l'Aquitaine, la taxe atteint 6,2 % et plus dans le Nord-Pas-de-Calais ou l'Alsace. Mais surtout, en circulant d'une région à l'autre, même limitrophes, le camion repasse au taux national à 4,8 %. Soit, entre Lorient en Bretagne (3,4 %) et Nantes en Pays de Loire (3,6 %) une Écotaxe à 4,8 %.

Des arrêtés pour interdire les poids lourds

Début septembre, le Syndicat des industriels de la nutrition animale (Snia) avait le premier fait ses comptes et annoncé "une ponction de 15 millions d'euros par an pour des filières en difficulté", confrontées à la concurrence immédiate de l'Allemagne et des Pays-Bas. Pour Alain Guillaume, président du Snia, "l'Écotaxe se traduira par un surcoût moyen de 50 centimes la tonne par éleveur", appliqué entre le champ et le silo, vers l'usine de transformation, puis le distributeur, la coopérative et enfin l'élevage destinataire. "La taxe peut être payée jusqu'à six fois le long de la chaîne d'approvisionnement, contre une fois seulement à l'arrivée du navire" pour des tourteaux de soja importés d'Amérique du Sud, relève Philippe Mangin. De plus, complète Rachel Blumel, directrice du département Chaîne alimentaire de Coop de France, le calcul de l'Écotaxe, qui aurait dû entrer en vigueur au 1er octobre, fait toujours l'objet de spéculations, l'instruction de Bercy datée du 2 août étant truffée d'incertitudes : le prix du diesel est-il intégré ou non ? La citerne d'un camion de lait, exemptée lorsqu'elle livre, l'est-elle aussi à vide ? "On a aussi noté les premiers effets pervers", continue l'experte : des communes craignant de voir se reporter sur leurs petites routes gratuites le trafic des nationales payantes s'empressent de prendre des arrêtés interdisant la circulation des poids lourds ce qui oblige à de longs détours.

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