Embargo russe : l'UE suspend son soutien aux maraîchers

La Commission européenne a annoncé mercredi 10 septembre la suspension des aides d'un montant de 125 millions d'euros visant à soutenir le secteur maraîcher de l'UE face à l'embargo russe, du fait d'un "bond disproportionné des demandes", en particulier polonaises. Cette décision est, selon une source européenne, motivée par des "doutes sérieux" sur la validité des données soumises par la Pologne, dont les producteurs ont réclamé à eux seuls 87 % du total de l'enveloppe débloquée le 18 août par Bruxelles. Pour permettre malgré tout une stabilisation des marchés touchés par l'embargo, la Commission a précisé qu'elle présenterait un nouveau mécanisme de soutien "plus ciblé ces prochains jours". "La Commission reste engagée à soutenir les producteurs qui ont perdu brutalement un marché important", a souligné le commissaire à l'Agriculture, Dacian Ciolos. Avant de couper dans le dispositif, la Commission avait "demandé de manière répétée aux autorités polonaises de vérifier" la fiabilité des données soumises par ses producteurs, selon la même source européenne.
À la lumière des demandes de dédommagements émanant de ce pays, sa production de concombres et cornichons représenterait en effet presque cinq fois les volumes habituellement exportés par l'UE vers la Russie. Pour les choux-fleurs et brocolis, ce serait presque le triple. Le mécanisme prévoyait d'accroître de 5 % à 10 % le volume des produits pouvant être retirés du marché et d'indemniser les producteurs dans une fourchette de 50 % à 100 %, selon que le produit est commercialisé sous une autre forme, n'est pas récolté ou est distribué gratuitement. Il visait une série de fruits, dont les pommes, les poires et les prunes, et de légumes, dont les concombres et cornichons, les choux et choux-fleurs, les carottes et les poivrons.
La Commission a complété ce dispositif d'urgence avec des mesures de stockage des produits laitiers et en dégageant 30 millions d'euros supplémentaires pour la promotion des produits agricoles européens, afin de leur ouvrir de nouveaux marchés. L'exécutif européen, tout comme les États membres, n'a cessé de souligner depuis l'annonce des mesures russes la nécessité d'évaluer au plus près leur impact réel pour éviter les surenchères des producteurs et les possibles distorsions de concurrence. Jusqu'ici, les secteurs laitier (où les cours sont en chute) et maraîcher sont les plus affectés. Les ministres européens de l'Agriculture doivent discuter fin septembre de l'opportunité de mesures de soutien ciblées.
La Pologne, premier exportateur mondial de pommes, figure avec les trois États baltes et la Hongrie parmi les pays les plus vulnérables, selon la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd). Ce pays, dont le Premier ministre, Donald Tusk, prendra début décembre la présidence du Conseil européen, est à l'avant-garde des campagnes de "consommation patriotique" de fruits et légumes qui se multiplient en Europe. Moscou a imposé son embargo il y a un mois, en rétorsion aux sanctions européennes prises dans le cadre du conflit en Ukraine. L'interdiction s'applique aux fruits, légumes, viandes, poissons, lait et produits laitiers en provenance de l'Union européenne, mais aussi d'Australie, du Canada, de Norvège et des États-Unis.

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