Flou sur le permis de Shell en Guyane

Un certain flou entourant la "remise à plat" du permis de forage exploratoire de Shell au large de la Guyane française promise par la ministre de l’Écologie alimente une multitude d'interprétations sur un sujet à fort enjeu économique et écologique.
La "remise à plat" du permis pétrolier de Shell en Guyane reste encore floue. La filiale française du groupe Shell, après avoir fait part mercredi 13 juin de sa stupéfaction, affirme "désormais anticiper une solution satisfaisante" au sujet de ce permis couvrant 24.000 km2 à quelque 150 km des côtes de la Guyane. Pour l'ONG Guyane Nature Environemment (GNE), les travaux exploratoires paraissent en revanche bel et bien "suspendus le temps de la production d'un Code minier rénové, une situation très satisfaisante".
La ministre de l’Écologie, Nicole Bricq, a annoncé mercredi une "remise à plat" du permis, accordé en 2001 et renouvelé fin 2011. Avec le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, elle avait souligné que "la prise en compte des problématiques d'environnement" dans le cadre de ce projet n'était "pas satisfaisante". Jeudi, elle a toutefois précisé qu'il n'était "pas envisagé de remettre en cause les permis déjà octroyés pour la recherche de pétrole et de gaz conventionnel". Les ministères ont refusé tout autre commentaire alors qu'un porte-parole de Shell a qualifié ce signal d'"encourageant".

Une découverte à 6.000 m de profondeur

Associé pour ce projet avec Total et le britannique Tullow Oil, la compagnie avait annoncé en septembre, à l'issue d'une première campagne de prospection, la découverte de pétrole pour la première fois au large de la Guyane. Une découverte faite par quelque 6.000 mètres de profondeur (2.000 m d'eau et 4.000 m de plancher océanique) qui suscite l'appétit des pétroliers, l'espoir des collectivités locales dans un des départements les plus pauvres de France mais aussi la crainte des écologistes.
Le ministre des Outre-Mer, Victorin Lurel, a d'ailleurs souligné vendredi son "attachement" au projet guyanais en mettant en avant les "retombées financières" escomptées. "La décision du gouvernement de suspendre les travaux est justifiée", souligne néanmoins Christian Roudgé de GNE, estimant que le public n'a pas été associé et que "le traitement du risque industriel n'est pas satisfaisant". Le flou apparent entourant l'avenir du permis guyanais n'inquiète pas Benoît Hartmann, porte-parole de France Nature Environnement (FNE), qui voit "une tentative de rassurer les acteurs de l'énergie". "Mais cela ne ferme pas la porte à la régulation que nous demandons", ajoute-t-il.

"Refonte" du Code minier

Reste que l’État n'a pas les moyens d'abroger "aussi simplement" des permis de recherche déjà accordés, rappelle Me Arnaud Gossement, auteur en 2011 d'un rapport sur le Code minier pour le gouvernement précédent. "C'est la même problématique qu'avec les gaz de schiste", dont trois permis avaient suscité une grosse mobilisation l'an dernier en France, rappelle-t-il. Le gouvernement avait dû faire voter une loi, celle interdisant la fracturation hydraulique, pour en obtenir l'abrogation. Pour sortir de cette gestion "dossier par dossier", la seule solution, défend-il, est de mettre "plus de transparence et de démocratie" dans le Code minier, texte de 1956 issu d'une loi de 1810 qui régit l'exploitation du sous-sol français. Une "refonte" d'ores et déjà promise par le gouvernement afin "d'obtenir des garanties économiques et écologiques qui n'existent pas aujourd'hui".

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