Giec : l'énergie au cœur du défi

Limiter à 2 °C la hausse de la tempérarure dans le monde par rapport à l'ère pré-industrielle est un défi encore possible à relever, ont affirmé dimanche 13 avril les experts, mais cela exige une réduction, d'ici 2050, de 40 à 70 % des émissions de gaz à effet de serre, qui ne cessent de croître.
Sans changement majeur et rapide dans le mix énergétique mondial très dépendant du charbon et du pétrole - gros émetteurs de gaz à effet de serre (GES) - la température dans le monde aura subi une hausse de 3,7 à 4,8 °C à l'horizon 2100, avertissent les chercheurs du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (Giec) dans un document publié à Berlin.
Pour réduire de façon draconienne les émissions de GES, selon Ottmar Edenhofer, coprésident du groupe ayant rédigé le rapport, il va falloir "éviter de remettre à plus tard les efforts" dans ce sens et faire "des investissements considérables" pour produire et consommer différemment l'énergie. "Le message de la science est clair : pour éviter des interférences dangereuses avec le système climatique, nous devons changer d'approche", a déclaré Ottmar Edenhofer. Les travaux du Giec servent de fondement scientifique aux difficiles négociations internationales qui doivent aboutir en 2015 à Paris à un accord ambitieux et contraignant pour réduire les émissions de GES et financer les actions d'adaptation.
Selon le Giec, non seulement les émissions de GES ne cessent d'augmenter mais elles le font à une rythme de plus en plus élevé : 2,2 % par an entre 2000 et 2010, décennie qui a vu un retour en force du charbon. La Chine et les États-Unis sont les deux principaux émetteurs de GES. La tendance actuelle doit donc être inversée et le temps presse pour agir. "Sans réduction des émissions avant 2030, il sera plus difficile de ne pas dépasser les 2 °C et les options seront moindres", alertent les scientifiques. Les investissements dans les énergies "bas carbone" vont devoir tripler, voire quadrupler entre 2010 et 2050. Dans les énergies "bas carbone", le Giec classe les renouvelables, le nucléaire et les énergies fossiles associées à une capture et un stockage du carbone, qui sont aujourd'hui à un stade expérimental.

Agir plus tard sera plus coûteux

La précédente évaluation du Giec remonte à 2007 : depuis, la communauté internationale s'est fixé comme objectif de ne pas dépasser le seuil de 2 °C pour éviter des impacts catastrophiques dans de nombreuses régions du globe. Depuis l'ère pré-industrielle, la Terre s'est déjà réchauffée à une vitesse inédite (+ 0,8 °C). Le Giec ne mène pas d'études, mais recense et évalue les recherches existantes. Le document publié dimanche est une synthèse, appelée "résumé pour décideurs", d'un rapport faisant plusieurs centaines de pages. "Plus nous attendons, plus ce sera coûteux et plus les défis seront grands", a déclaré Youba Sokona, coprésident du groupe auteur du rapport.
Actuellement, la production d'énergie représente 35 % des émissions, l'agriculture et la forêt 24 %, l'industrie 21 %, les transports 14 % et le bâtiment 6 %. Le CO2 est de loin (76 %) le principal gaz à effet de serre. Depuis 2000, les émissions de tous les secteurs sont en hausse, à l'exception des forêts grâce au ralentissement de la déforestation. Outre un tournant vers une production d'énergie émettant moins de CO2, une meilleure efficacité énergétique des bâtiments, des processus industriels et des modes de transport est incontournable. Le développement de la capture et du stockage de carbone semble une absolue nécessité. L'instauration de normes plus contraignantes, la mise en place de taxes fondées sur les émissions (taxe carbone) et de marchés du carbone, la réduction des subventions aux énergies fossiles sont d'autres leviers possibles. Les actions de reforestation seront un facteur important pour absorber du CO2 présent dans l'atmosphère.
"Ce rapport est très clair sur le fait que nous sommes face à une question de volonté mondiale et non de capacité" à agir pour ne pas dépasser les 2 °C, a réagi John Kerry, secrétaire d'État américain.
Christina Figueres, responsable climat à l'ONU, a affirmé : "Le monde peut encore lutter contre le changement climatique mais à la condition que les nations soient collectivement plus ambitieuses". De son côté, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, "exhorte tous les pays à agir rapidement et vigoureusement" après la publication de ce rapport et "à faire tous les efforts nécessaires pour parvenir à un accord ambitieux" en 2015. Pour Samantha Smith, responsable climat et énergie au WWF International, "ceux qui disent que c'est trop difficile et trop cher ont tort", car "sans action immédiate, les coûts vont s'accroître, tout comme les impacts".

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