Heathrow gagne une bataille dans la guerre des aéroports londoniens

La commission chargée de réfléchir à l'avenir des aéroports londoniens a conseillé de construire une troisième piste à Heathrow, énième épisode d'un feuilleton qui impatiente les milieux d'affaires et divise le parti conservateur de David Cameron.
Heathrow est mieux placé que son rival Gatwick pour accueillir de nouvelles capacités, attendues "de toute urgence", a tranché la commission nommée par le gouvernement Cameron, après trois années d'enquête sur fond d'intense lobbying des deux aéroports candidats à l'agrandissement. La commission a écarté par ailleurs la possibilité d'allonger l'une des deux pistes existantes à Londres-Heathrow, le plus important des cinq aéroports de la capitale britannique. L'avis de cette commission, présidée par l'économiste Howard Davies, était très attendu alors que les aéroports londoniens approchent de la saturation, menaçant la croissance de la capitale financière de l'Europe.
"Heathrow peut fournir la capacité plus facilement et rapidement. Les bénéfices de cette solution sont significativement plus importants pour les voyageurs d'affaires, les opérateurs de fret et l'économie dans son ensemble", a souligné Howard Davies. Le projet coûterait 17,6 milliards de livres (24,7 milliards d'euros) mais générerait 147 milliards de livres (207 milliards d'euros) pour l'économie britannique sur soixante ans, estiment les auteurs du rapport.
Toutefois l'extension d'Heathrow suscite l'opposition farouche des riverains de ce quartier de l'Ouest de Londres densément peuplé. Pour les amadouer, la commission Davies suggère d'interdire les vols de nuit (de 23 h 30 à 6 heures), de financer l'isolation acoustique des maisons et des écoles ou encore de créer une autorité indépendante chargée de faire respecter les limitations sonores.

Campagne dans le métro

C'est désormais au gouvernement de prendre une décision sur ce dossier qui divise profondément la classe politique, au sein même du parti conservateur majoritaire proche des milieux d'affaires. L'affaire est délicate pour David Cameron, qui avait promis que Heathrow ne serait jamais étendu. En 2009, alors chef de l'opposition au gouvernement travailliste, David Cameron s'était associé à une campagne de Greenpeace contre cette extension. L'arbre planté à l'occasion sur le site prévu de l’agrandissement est mort désormais, et le Premier ministre a indiqué mercredi 1er juillet devant les députés britanniques que le gouvernement allait étudier le rapport Davies en détail avant de rendre "une décision d'ici la fin de l'année", sans afficher sa préférence.
Le maire de Londres, Boris Johnson, a pour sa part qualifié le rapport de "décevant" et affirmé qu'une "troisième piste ne sera jamais construite à Heathrow". Sa solution - construire un nouvel aéroport dans l'estuaire de la Tamise - avait été écartée l'an dernier par la commission Davies. L'édile, figure très populaire du parti conservateur, met en avant l'augmentation de la pollution que générerait une extension de Heathrow. Le chef de l'opposition travailliste, Harriet Harman, a au contraire poussé David Cameron à suivre la recommandation de la commission, si des tests sur la qualité de l'air donnent satisfaction, afin de ne pas retarder davantage le projet.
Mais l'aéroport de Gatwick, au sud de Londres, a assuré être "toujours dans la course" pour obtenir le feu vert à la construction d'une deuxième piste. "Nous sommes confiants dans le fait que, lorsque le gouvernement prendra sa décision, il choisira Gatwick", a assuré son directeur général, Stewart Wingate. La compétition fait rage jusque dans les couloirs du métro de Londres, où les aéroports font coller des affiches pour vanter les mérites de leur projet et fustiger les désagréments de celui du concurrent. L'affaire pourrait donc traîner encore, au grand dam des milieux d'affaires, qui réclament depuis des années de meilleures connections avec le reste du monde. "Chaque jour qui voit le gouvernement retarder sa décision, le Royaume-Uni perd du terrain alors que nos concurrents en tirent les bénéfices et renforcent leurs liens commerciaux", a fait valoir John Cridland, le directeur général de CBI, la principale organisation patronale du pays. John Cridland fait référence notamment à l'aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle, qui dispose pour sa part de quatre pistes, et à celui d'Amsterdam-Schipol, qui en compte cinq longues plus une courte.

Transport aérien

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15