L'État sommé d'agir par Air France et ses syndicats

Air France a dit attendre de l'État "un contexte favorable" à son évolution, mercredi 4 novembre à l'Assemblée, comme les syndicats qui ont fustigé "l'inertie" des pouvoirs publics sans épargner la direction, fautive selon eux en matière d'ambition et de communication. Les deux parties ont été auditionnées par des députés issus de trois commissions (Affaires économiques, Affaires sociales et du Développement durable), une première depuis l'annonce début octobre d'une restructuration menaçant près de 3.000 emplois sur deux ans. "Ce qu'on attend de l'État, c'est d'évoluer dans un contexte qui permette de faciliter au plus la vie de la compagnie", a indiqué son PDG, Frédéric Gagey. Mais les leviers que pourraient actionner l'État "ne peuvent pas totalement nous dédouaner de continuer en interne la réforme", a-t-il poursuivi. La direction réclame, comme les syndicats d'ailleurs, la modération des redevances aéroportuaires (dont le niveau est fixé par l'État), la limitation des droits de trafic aux transporteurs concurrents et la prise en charge par l'État des dépenses de sûreté, autant de préconisations faites en 2014 par le député (PS) Bruno Le Roux, jamais appliquées. "Vous pouvez agir", a interpellé le président du Syndicat de pilotes majoritaire (SNPL), Philippe Evain, demandant aux députés de "rétablir une concurrence juste". "Les salariés ne peuvent que constater l'inertie de la direction d'Air France et du gouvernement face aux problèmes auxquels la compagnie est confrontée", a-t-il dit au nom d'une large intersyndicale, toutes catégories confondues.
"On a besoin d'un État stratège", a appuyé Miguel Fortea (CGT). "Sans plan de développement", la compagnie restera engluée "dans un tunnel sans fond" et "tous nos emplois seront menacés".

Rouleau compresseur

Fin octobre, l'entreprise aux plus de 50.000 salariés a opté pour un "plan B" de baisse d'activité faute d'accord avec les navigants sur de nouvelles mesures de productivité. Il prend le relais de "Transform 2015", un plan de restructuration qui a conduit à près de 5.500 suppressions de postes et à un gel des salaires. De fait, "les salariés ont l'impression de ne pas avoir un retour sur les efforts" fournis, a résumé Arnaud Dole (UNSA PNC). L'intersyndicale a également dénoncé "un employeur qui ne respecte pas les instances représentatives", en préférant réserver ses annonces à la presse, selon M. Evain, qui a fustigé "une stratégie du rouleau compresseur". Frédéric Gagey a affirmé à l'inverse que le dialogue social à Air France "n'est absolument pas en butée". Il faut "sortir de cette caricature", a poursuivi Béatrice Lestic (CFDT), reconnaissant néanmoins que "le climat aujourd'hui était absolument délétère" dans l'entreprise. "La direction générale a des torts, mais pas tous", a relevé Ronald Noirot pour la CFE-CGC (autre absent de l'intersyndicale), jugeant la CGT et le SNPL en partie responsable des maux d'Air France, "une compagnie malade". Par ailleurs, l'intersyndicale a fortement remis en cause la stratégie industrielle de la direction. Celle-ci est "essentiellement basée sur des considérations financières", il est "beaucoup plus facile de réduire la voilure" plutôt que d'investir, a lancé M. Evain. "Prendre un risque, c'est simplement contraire à leur ADN". À l'issue des auditions, Miguel Fortea (CGT) a dit avoir "apprécié" que les députés aient voulu "entendre un autre son de cloche". "On a eu le sentiment d'être soutenus, pour autant on jugera par rapport aux actes", a-t-il tempéré.

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