La FNSEA demande l'exonération de l'Écotaxe

Face à la grogne qui ne faiblit pas dans les milieux agricoles bretons, la FNSEA durcit le ton sur l'Écotaxe, demandant désormais une exonération "pour toute la filière agricole", alors qu'elle demandait jusqu'à présent seulement une remise à plat du dispositif.
La FNSEA demande une exonération de l'Écotaxe "pour toute la filière agricole". "Je demande au Premier ministre, quel que soit l'avenir de cette Écotaxe, d'annoncer une exonération pour toute la filière agricole : agroalimentaire, production, agrofourniture. Ça me paraît indispensable de faire cette annonce", a déclaré jeudi 7 novembre le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), Xavier Beulin.

Pour toute la filière agricole

Lorsque le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a suspendu sine die l'Écotaxe la semaine dernière, la FNSEA s'était déclarée "satisfaite", rappelant qu'elle demandait "un ajournement et pas une suppression". Avec ces nouvelles déclarations, Xavier Beulin durcit le ton, alignant les revendications de son organisation sur celles des manifestants qui poursuivent leur mobilisation en Bretagne, malgré la pause annoncée par le gouvernement sur cette taxe qui devait initialement entrer en vigueur le 1er janvier. "Ça fait trois ans, quatre ans, que la FNSEA demande à tous les ministres successifs de reprendre ce dossier de l'Écotaxe. J'en demande l'exonération clairement ce matin", a répété le patron du syndicat agricole.
Face à la mobilisation qui se poursuit en Bretagne, le gouvernement a souhaité mercredi la signature d'un "Pacte d'avenir" pour la région avant la fin novembre. Xavier Beulin a mis en garde l'exécutif de se contenter de prendre "des mesures particulières". "Le président de la FNSEA se fait engueuler tous les jours parce qu'on a le sentiment qu'on ne parle que de la Bretagne alors que le malaise est beaucoup plus profond. Il touche beaucoup de régions", a-t-il assuré, citant pêle-mêle Provence-Alpes-Côte d'Azur, le Languedoc-Roussillon, la Lorraine, le Nord et le Centre.

Tous ne partagent pas l'analyse de la FNSEA

La colère bretonne occupe le devant de la scène car l'industrie agroalimentaire représente "150.000 emplois directs" là-bas, a souligné M. Beulin. Mais "il y a des sujets transversaux, généraux, qui concernent l'ensemble de l'agriculture et de l'agroalimentaire français", a poursuivi le syndicaliste. Le président de la FNSEA a appelé le mouvement des Bonnets rouges, à la pointe des revendications bretonnes, à cesser les violences, alors que le gouvernement promet plus de sévérité à l'égard des fauteurs de troubles. "Si nous ouvrons des discussions, il faut savoir mettre un terme à ce genre de manifestions", a-t-il estimé. La FNSEA réalise ainsi un grand écart : condamner les actions des Bonnets rouges tout en s'alignant sur leur demande d'une suppression de l'Écotaxe, en tous cas au moins pour le monde agricole.
Une posture qui contraste avec celle d'autres syndicalistes, à l'instar de Laurent Berger, patron de la CFDT, pour qui dire que "l'agroalimentaire va mal et que c'est la faute de l'Écotaxe, c'est de la mystification". Pour Laurent Berger, c'est "l'approche productiviste développée par certains" producteurs qui n'ont "pas regardé la nécessité de la montée en qualité de la production agroalimentaire" qui a "créé des drames sociaux. Analyse que semblent partager d'autres agriculteurs, ceux de la Confédération paysanne. "La situation actuelle de l'agroalimentaire est la conséquence de mauvais choix économiques de dirigeants d'entreprises, y compris coopératives, pariant incessamment sur la croissance des volumes plus que sur la valeur ajoutée des productions bretonnes". Et pour le syndicat minoritaire, "il y a un véritable travail à faire pour que paysans et salariés de l'agroalimentaire ne soient plus tributaires d'un marché dans lequel ils ne sont que des pions. Et cette réflexion doit aussi prendre en compte les questions climatiques", l'Écotaxe étant initialement destinée à inciter les entreprises à utiliser des modes de transports des marchandises moins polluants.
Xavier Beulin n'a pas éludé ces questions mais a préféré évoquer la "co-responsabilité" des professionnels et du gouvernement. "Peut-on accepter que dans ce pays aujourd'hui, pour construire un bâtiment d'élevage, il faille trois ans d'instruction quand on met six mois de l'autre côté du Rhin", s'est interrogé Xavier Beulin, à titre d'exemple.

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