La France s'opposera à un "mauvais" repreneur pour les chantiers de Saint-Nazaire

L'annonce que les chantiers navals de Saint-Nazaire allaient être vendus a ravivé mardi 18 octobre l'inquiétude sur leur avenir, mais le gouvernement français a affirmé qu'il s'opposerait à un rachat par un "mauvais" repreneur.
Face aux craintes de voir le fleuron français de l'industrie navale tomber dans l'escarcelle d'un repreneur "prédateur", le ministre le l'Économie, Michel Sapin, a assuré qu'il disposait d'armes en tant qu'actionnaire. La semaine dernière, le gouvernement avait déjà indiqué qu'il n'envisageait pas de nationaliser les chantiers navals de Saint-Nazaire pour faire barrage à certains acquéreurs, notamment chinois, particulièrement redoutés par les syndicats, mais qu'il veillerait à ce qu'un repreneur soucieux des intérêts français soit retenu.
STX France, la branche française du groupe sud coréen STX Offshore & Shipbuilding, qui a demandé en mai son placement en redressement judiciaire, est sa seule unité rentable. La décision de vendre STX en bloc risquerait de mettre financièrement hors course deux candidats industriels européens qui avaient montré leur intérêt pour le fleuron français - le néerlandais Damen et l'italien Fincantieri - et a suscité l'inquiétude des syndicats à Saint-Nazaire.
"Si cette tactique aboutit, c'est un réel danger", car elle devrait favoriser "un actionnaire prédateur", un groupe chinois ou un groupe d'investisseurs sino-britannique, a indiqué François Janvier, délégué CFE-CGC chez STX France. Pour Jean-Marc Pérez, délégué FO, "il devient impérieux que l'État prenne la décision qui s'impose, c'est-à-dire de nationaliser" le chantier naval de Saint-Nazaire, "même temporairement, pour éviter que le site de Saint-Nazaire tombe dans l'escarcelle des Chinois". Le syndicaliste évoque, à terme, "une menace pour l'existence même du chantier naval de Saint-Nazaire".

Défendre les intérêts stratégiques

Mardi, Michel Sapin s'est voulu rassurant, rappelant à l'Assemblée nationale qu'il disposait de deux armes pour "faire prévaloir les intérêts de la France". "L'État a aujourd'hui la capacité de s'opposer à la prise de participation d'actionnaires qui nous paraîtraient mauvais pour la continuité économique et sociale", a-t-il répondu à l'Assemblée nationale à une question du député Jean-François Lamour (LR). Premièrement, il est présent au capital des ex-Chantiers de l'Atlantique, fait valoir le ministre : STX Offshore possède les deux tiers de STX France depuis 2008, le tiers restant étant aux mains de l'État français.
Quant à la seconde arme, il s'agit du décret dit Alstom, adopté au printemps 2014 à l'initiative de l'ex-ministre de l'Économie Arnaud Montebourg, qui permet au gouvernement d'interdire la vente d'une entreprise française à un groupe étranger quand les intérêts stratégiques du pays sont menacés. "Nous avons la capacité de défendre les intérêts stratégiques de la France en nous opposant, en refusant qu'un actionnaire qui risquerait de mettre en cause notre indépendance devienne propriétaire d'un grand chantier comme celui-ci", a prévenu Michel Sapin, dans une allusion implicite au décret.
Initialement, le groupe sud-coréen en difficulté avait fait part de son intention de vendre séparément STX France dans le cadre de son plan global de redressement. STX Offshore & Shipbuilding se débat depuis des années avec des pertes croissantes provoquées par une gestion défaillante et une demande globale en berne. STX France, qui compte 2.600 salariés et fait travailler environ 5.000 sous-traitants, dispose d'un carnet de commandes très bien rempli, avec quatorze paquebots à construire d'ici 2026 pour deux gros clients, l'italo-suisse MSC Croisières et l'américain Royal Caribbean. STX Offshore & Shipbuilding, jadis le quatrième constructeur sud-coréen, est depuis 2013 sous le contrôle de ses créanciers, au nombre desquels la banque publique Korea Development Bank.

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