La Libye résiste à sa crise pétrolière

Privée de l'essentiel de ses revenus pétroliers depuis neuf mois, la Libye dispose de confortables réserves en devises permettant à son économie de résister à la crise, mais pas indéfiniment, estiment des experts.
Riche pays pétrolier, la Libye dépend exclusivement de ses revenus d'hydrocarbures qui représentent plus de 96 % de son PIB. Mais la production a considérablement chuté en dix mois en raison du blocage par des rebelles autonomistes des principaux ports pétroliers de l'Est du pays. Le blocage des terminaux pétroliers, utilisé comme moyen de pression sur les autorités, a provoqué la chute de la production à moins de 200.000 barils par jour, contre près de 1,5 million de barils par jour auparavant. Un récent accord a permis la réouverture de deux ports sur quatre, mais les principaux terminaux sont toujours fermés et les exportations n'ont pas dépassé les 240.000 barils par jour la semaine dernière.
Selon la Banque centrale libyenne (BCL), les revenus du pays ont chuté de 4,6 milliards de dollars par mois à 1 milliard de dollars en raison de la crise pétrolière. La Libye dépense chaque mois l'équivalent de 3,5 milliards dollars pour l'importation de produits alimentaires, hydrocarbures raffinées et autres services et produits, a indiqué Issam Al-Oul, porte-parole de la BCL. Pour remédier à la situation, les autorités ont dû puiser à hauteur de 19 milliards de dollars dans leurs réserves en devises, laissant dans la caisse 113 milliards de dollars, contre 132 milliards de dollars avant la crise, a-t-il ajouté.

Récession

La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ont d'ailleurs dégradé leurs prévisions de croissance pour la Libye en 2014, tablant désormais sur une nouvelle récession de 8 %, après une contraction de 5,1 % en 2013. Mais la "Libye dispose de réserves importantes qui aideront le pays à surmonter la crise à court terme", a souligné le FMI dans un rapport récent. Toutefois, "la perturbation de la production d'hydrocarbures couplée à une augmentation des dépenses pourrait épuiser les réserves financières de la Libye en moins de cinq ans", a mis en garde le FMI.
L'examen du projet de budget 2014 a pris du retard en raison de l'anarchie institutionnelle et des tiraillements politiques, dans un pays en proie aux violences et au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Mais le Congrès général national devait voter la Loi des finances dimanche 18 mai, un budget de 48 milliards de dollars, légèrement en baisse par rapport à celui de 2013 (51 milliards de dollars), a annoncé Mohamed Al-Dharrat, président de la Commission du budget et des finances au Congrès. Calculé sur la base d'une production de pétrole de 800.000 barils par jour à 100 dollars le baril, il prévoit un déficit de 8 milliards de dollars.

Pas aussi catastrophique

Le député reconnaît que "la baisse des recettes a engendré des problèmes à la Banque centrale et un manque de liquidité". Mais "la situation n'est pas aussi catastrophique", souligne le représentant d'une institution financière internationale à Tripoli. "Il y a une baisse de revenus, mais le pays peut résister grâce à ses réserves." "Ceci ne pose pas un grand problème, dans la mesure où le gouvernement est en train de puiser dans ces réserves sous forme d'emprunt auprès de la BCL", a-t-il dit. Il met en garde néanmoins contre une pénurie de devises qui provoquerait une poussée inflationniste: "Le dollar s'échange au marché noir à plus de 10 points supérieur au taux bancaire. C'est un indice révélateur", souligne-t-il. "Cela pourrait donner lieu à des spéculations et à une hausse des prix et influer négativement sur tous les indicateurs macro-économiques".
La semaine dernière, le dollar s'échangeait à 1,38 dinar libyen au marché noir contre un taux bancaire de 1,25. Les devises étrangères sont introuvables dans les banques depuis plusieurs mois, mais la BCL a démenti la semaine dernière toute pénurie de devises. "Malgré le déficit budgétaire, l'économie libyenne pourrait se rétablir rapidement, en raison de ses immenses richesses pétrolières", a estimé de son côté, Mohamed Al-Houni, expert économique et universitaire. "Puiser dans les réserves ne pose pas un grand problème. Il faudrait toutefois rétablir leur niveau à celui d'avant la crise dès que l'économie se sera rétablie", a ajouté Mohamed Al-Houni.

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