La SNCM de nouveau plongée dans l'incertitude

Après une année 2013 tumultueuse, la SNCM, qui a vu ressurgir ses vieux démons la semaine passée entre les hésitations de l'État et l'hostilité de son actionnaire privé, espère obtenir des garanties lors du conseil de surveillance (CS) vendredi 7 mars à Paris.
Dans un entretien aux "Échos" mercredi 5 mars, le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, se veut rassurant. "Je demanderai aux représentants de l'État de voter en faveur d'un mandat au directoire pour que puisse être négociée une lettre d'intention avec un chantier naval pour la construction des navires", annonce-t-il. Il semble ainsi confirmer les engagements pris début janvier en faveur du plan de redressement de la compagnie maritime pour mettre fin à une grève de près de dix jours. Ce plan prévoit un renouvellement de la flotte, une augmentation du temps de travail et un plan de départ de 500 postes (sur 2.600), le tout pour obtenir une meilleure productivité et remettre l'entreprise à flot. À Marseille, beaucoup voient dans les propos du ministre une manière de "calmer le jeu avant les municipales" et restent inquiets du sort réservé à l'opérateur historique des lignes Corse-continent, après les tensions et atermoiements de ces derniers jours.
Coup de théâtre le 25 février : le processus de commande de deux bateaux est stoppé net par l'abstention de l'État (25 %) et le non de Transdev (66 %) à la lettre d'intention autorisant l'ouverture de négociations avec les chantiers STX de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Les actionnaires salariés (9 %) s'insurgent aussitôt contre "un État en rupture avec ses engagements", selon la CGT, un "État qui se déjuge et met en grand danger le projet validé", pour la CFE-CGC. Parallèlement à l'étude du montage financier par la Banque publique d'investissement (BPI France) et la Caisse des dépôts (CDC), qui doivent rendre leurs propositions le 15 avril avant une commande fin juin, "des travaux techniques sont en cours pour préparer la commande des navires. Il y a encore du travail à faire sur les prix, les spécifications et les délais de livraison", se justifie alors le ministre.

"Bruit de fond"

Deux jours plus tard, l'inquiétude des syndicats grandit. Le PDG de Veolia Environnement, actionnaire indirect via Transdev (détenu avec la CDC), défend la mise sous "protection" de la SNCM, que le dirigeant qualifie de "boulet", par le tribunal de commerce de Marseille. Objectif : "la mettre à l'abri des amendes de Bruxelles", qui a condamné la compagnie à rembourser 440 millions d'euros d'aides publiques jugées illicites. La mise sous protection, pas "le dépôt de bilan", expliquait lundi 3 mars Antoine Frérot. "Cela revient exactement à la même chose, c'est une faillite organisée qui réduirait la compagnie à quatre bateaux", s'emportent les élus de la CFE-CGC, réclamant "des négociations immédiates" en vue d'une sortie de Veolia-Transdev du capital, "actionnaires hostiles et défaillants".
La direction s'est offusquée elle aussi de l'"impact commercial et social extrêmement préjudiciable". Le président du directoire, Marc Dufour, avait prévu de tenir mercredi 5 mars une conférence de presse à Paris. Avant de l'annuler. Officiellement "en raison de complications d'agenda", officieusement pour temporiser. "Sur ce dossier complexe, je préfère le travail de fond au bruit de fond", a lancé mercredi 5 mars Frédéric Cuvillier, déplorant les "déclarations" et "communiqués de presse qui n'aboutissent qu'à inquiéter". "C'est bien le silence du gouvernement qui rend le bruit de fond audible", rétorque-t-on du côté du syndicat de l'encadrement. Pour Roland Blum (UMP), premier adjoint au maire de Marseille, le ministre refuse "de prendre ses responsabilités en multipliant les déclarations contradictoires". "Tout laisse à penser qu'il n'y a plus de pilote dans l'avion gouvernemental", juge-t-il.
La SNCM, compagnie aux difficultés chroniques, n'est jamais parvenue à un équilibre financier solide depuis sa création il y a plus de trente ans. Privatisée en 2006, elle accumule les pertes (14 millions d'euros en 2012, pour un chiffre d'affaires de 300 millions), confrontée à la concurrence croissante de Corsica Ferries, aux navires battant pavillon italien.

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