La demande chinoise d'avions décolle... pour l'instant

Premier acheteur d'avions en Asie, la Chine développe ses propres constructeurs et multiplie les aéroports, mais le ciel n'est pas sans nuages, entre ralentissement économique, inadéquation des infrastructures et strict contrôle de l'espace aérien imposé par Pékin.

Mi-juin, China Eastern Airlines annonçait avoir signé avec Boeing l'acquisition de 80 appareils. C'était la dernière en date d'une longue série de commandes de compagnies chinoises : en mai, China Southern achetait à Airbus 80 A320, après que la compagnie régionale Shandong Airlines et la compagnie à bas coût 9 Air – qui n'a pas encore commencé ses activités – ont commandé chacune 50 Boeing 737.
Cette frénésie d'achats s'explique par l'insolente croissance du trafic aérien, sous l'impulsion d'une classe moyenne en plein essor : trois aéroports du pays (Pékin, Canton, Shanghai) figurent parmi les vingt plus fréquentés dans le monde (Pékin est deuxième derrière Atlanta). Les compagnies chinoises ont transporté l'an dernier 350 millions de passagers, une hausse de 11 % sur un an, selon les statistiques officielles. Et il devrait y avoir plus de 230 aéroports dans le pays en 2015, contre 193 en 2013. Selon les prévisions de Boeing, la Chine aura besoin de presque 6.000 nouveaux appareils dans les 20 prochaines années (soit 16% de la demande mondiale), pour un coût total estimé à 780 milliards de dollars.

L'ombre du ralentissement économique

Ces généreuses prévisions s'inscrivent cependant sur fond de net ralentissement économique. La croissance au premier trimestre (7,4 %) est au plus bas depuis 18 mois. Or, "la progression du PIB a souvent de très étroites relations avec le trafic aérien", relève Mark Clarkson, directeur du développement en Asie-Pacifique pour le cabinet d'analyse aéronautique OAG. Il souligne que la croissance des capacités (en sièges) "a ralenti ces derniers mois". Par ailleurs, une vaste campagne anticorruption et le relèvement de la part des bénéfices que les groupes publics doivent reverser à l'État sont venus pénaliser les compagnies aériennes publiques.

Les pires retards de vol au monde

L'espace aérien contrôlé par l'armée engendre un manque de fiabilité des horaires. Pékin est ainsi le pire aéroport au monde en termes de retards d'avions, avec seulement 18 % de vols partant ou arrivant à l'heure, selon les données du site www.flightstats.com . "Les infrastructures défaillantes et la difficulté de l'accès au ciel pourraient continuer de créer des goulots d'étranglement", prévient Eduardo Costas, analyste de marchés chez l'avionneur brésilien Embraer.
Par ailleurs, la création d'un avionneur chinois capable de rivaliser avec Airbus et Boeing ont du plomb dans l'aile.
Bill Savadove

Transport aérien

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