Le PDG de Qantas sonne le clairon

Confrontée à de nouvelles pertes et une détérioration de sa situation, Qantas va supprimer un millier d'emplois, a annoncé jeudi 5 décembre son PDG, qui a appelé le gouvernement à agir pour que cessent les "distorsions" concurrentielles entre les compagnies aériennes présentes sur le sol australien.
Suppressions d'emplois, grosses pertes semestrielles, le PDG de Qantas sonne le clairon. La situation s'est détériorée "de manière notable" et la compagnie fait face à "des circonstances extraordinaires", dont des coûts de carburant record, une devise élevée et une concurrence féroce de la part de transporteurs étrangers qui bénéficient du soutien de leur pays, a déclaré Alan Joyce. Qantas prévoit une perte avant impôts comprise entre 250 et 300 millions de dollars australiens (166 et 200 millions d'euros) sur le premier semestre de l'exercice budgétaire en cours, soit la période allant de juillet à décembre 2013. Les taux de remplissage des avions passagers ont reculé significativement en novembre et la part de marché de Qantas a reculé. L'action a chuté de 17 % après cet avertissement sur résultats, mais s'est quelque peu reprise en cours de séance et a clôturé à 1,075 dollars australiens, en repli de 10,79 %. L'agence de notation Moody's a placé la note de Qantas sous surveillance, avec perspective négative.
La compagnie avait affiché sur l'exercice 2012-2013 (clos le 30 juin) un retour aux bénéfices nets annuels, certes modestes (5 millions de dollars australiens). Lors de l'exercice précédent, elle avait essuyé des pertes de 245 millions de dollars australiens, les premières depuis sa privatisation en 1995.

Suppression d'un millier d'emplois

Des mesures "urgentes" sont nécessaires pour garantir la rentabilité du groupe, selon son PDG : réduction des effectifs d'"au moins 1.000 emplois", baisse de son salaire et de celui des membres du conseil de direction, gel des salaires et des bonus en général et révision des dépenses encourues avec les principaux fournisseurs.
"Les défis auxquels nous faisons face sont immenses", a prévenu Alan Joyce. "Depuis la crise financière mondiale, Qantas est confronté à un environnement opérationnel profondément difficile, avec notamment un dollar australien fort et des coûts de carburant record, qui ont augmenté les coûts totaux de la compagnie, déjà élevés". "Le marché international australien est le plus difficile au monde", a-t-il affirmé. Les coûts de carburant ont atteint 2,27 milliards de dollars australiens sur le premier semestre, soit 88 millions de dollars australiens de plus que lors de la même période l'an dernier. Qantas consomme plus de carburant que d'autres grandes compagnies étrangères en raison de l'éloignement géographique de l'Australie des destinations les plus courues, telles que les États-Unis et l'Europe.
Des réductions de coûts engagées ces dernières années "s'avèrent insuffisantes au regard de la situation actuelle", selon Alan Joyce, qui prévient que "toutes les solutions doivent être envisagées". Il a une nouvelle fois appelé le gouvernement à rééquilibrer l'environnement concurrentiel, qu'il estime faussé. "Les dirigeants politiques reconnaissent l'importance stratégique de Qantas, son rôle crucial pour fournir des services aériens essentiels et les bénéfices pour l'Australie d'avoir une compagnie nationale forte et viable", a-t-il dit. "L'action du gouvernement sera clé pour nous permettre d'être un concurrent efficace dans un environnement équilibré". "Nos concurrents sur le marché international, tous soutenus ou généreusement aidés par leur gouvernement, ont accru leurs capacités à réaliser des bénéfices en Australie, modifiant ainsi de manière permanente le marché", a déclaré le PDG. Il estime notamment que sa grande concurrente en Australie, Virgin Australia, contrôlée par les compagnies Singapore Airlines, Air New Zealand et Etihad (basée à Abou Dhabi) soutenues par leur gouvernement, a "pour stratégie d'affaiblir Qantas" en proposant des billets très peu chers sur les lignes intérieures.
Les liaisons intérieures sont le secteur rentable de Qantas et ont permis de compenser, en partie, les pertes subies sur les liaisons internationales. Alan Joyce réclame depuis plusieurs semaines que soit levée l'interdiction pour Qantas d'avoir son capital détenu à plus de 49 % par des investisseurs étrangers. Le groupe aérien a mis en place un vaste plan de restructuration il y a deux ans pour redresser ses finances. Il a également passé une alliance avec Emirates, accroissant du même coup sa présence sur les liaisons en Asie et réduisant ses dessertes en Europe.

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