Le défi américain d'ArcelorMittal face à l'aluminium

Une énergie plus avantageuse et une industrie automobile qui redémarre : ArcelorMittal mise sur les deux tableaux avec sa nouvelle aciérie ultramoderne de Calvert, dans l'Alabama (sud des États-Unis), afin de défendre ses parts de marché auprès des constructeurs face à la concurrence croissante de l'aluminium.
"La demande sera au rendez-vous et notre défi est désormais d'accélérer l'augmentation de la production pour faire tourner l'usine à plein régime", a expliqué Lou Schorsch, le directeur général d'ArcelorMittal pour l'Amérique, à l'occasion de la présentation de l'usine cette semaine. Cette acquisition constitue "une belle opportunité" pour le géant mondial de l'acier, à un moment où l'économie américaine rebondit et la demande d'acier a pratiquement retrouvé son niveau d'avant-crise. "Et le coût de l'énergie est aujourd'hui 50 % moins cher qu'il y a sept ou huit ans" aux États-Unis, grâce à "la révolution du gaz de schiste", ajoute-t-il.

Bijou industriel

Autre avantage non négligeable : ArcelorMittal, en coentreprise avec le japonais Nippon Steel & Sumitomo Metal, a racheté cette usine à son concurrent ThyssenKrupp pour 1,55 milliard de dollars, presque trois fois moins que l'investissement initial de 4 milliards en 2007 déboursé par le conglomérat allemand, pour un bijou industriel situé à quelques kilomètres du Golfe du Mexique, et disposant d'un port fluvial et d'un accès ferroviaire. Le site de Calvert, qui ne dispose pas de hauts-fourneaux, fait penser à celui de Florange, dans l'Est de la France, depuis que ceux dont l'usine lorraine était dotée ont fermé l'an dernier. À la différence que l'usine de l'Alabama est toute pimpante et que ThyssenKrupp a poussé son souci de l'esthétique jusqu'à donner des couleurs différentes aux bâtiments en fonction de la chaleur intérieure, s'efforçant d'intégrer au mieux cette aciérie dans la verdure environnante.
Mais le groupe allemand n'est pas parvenu à résoudre le problème coûteux de l'approvisionnement en brames, produites dans ses lointains hauts-fourneaux brésiliens. Un problème qu'ArcelorMittal assure avoir réglé avec l'entrée en jeu de ses propres hauts-fourneaux, tout en s'engageant à acheter 2 millions de tonnes annuelles pendant six ans au site brésilien de son concurrent.
En y regardant de plus près, les hauts-fourneaux nord-américains d'ArcelorMittal ne sont pas vraiment proches de Calvert : le site mexicain de Lazaro Cardenas se trouve sur la côte pacifique et nécessite le transport des brames par le canal de Panama. Quant à Indiana Harbor, dans le Nord des États-Unis, ce n'est pas non plus la porte à côté.
Mais pour Lou Schorsch, cet éloignement des hauts-fourneaux ne pose toutefois pas de problème et il rejette catégoriquement que l'approvisionnement en brames soit un obstacle pour que le site atteigne sa capacité maximale de 5,1 millions de tonnes annuelles.
"Nous avons progressé de 15 % depuis notre arrivée en mars et nous nous situons dans une fourchette de 75 à 80 %. Pour atteindre la capacité maximale, nous devons relever des défis logistiques dans l'usine. Le défi se trouve plus au sein de l'usine que sur le marché à l'extérieur", assure-t-il, précisant que des investissements de 40 millions de dollars sont déjà prévus pour améliorer le stockage des brames.

Pression des constructeurs

Il n'empêche que l'orientation de la production vers l'automobile, qui ne représente aujourd'hui que 15 % des débouchés de Calvert, dispose d'un gros avantage pour ArcelorMittal : "Ce marché est plus prévisible avec un flux plus constant", reconnaît le dirigeant américain. Le marché automobile nord-américain devrait croître de 11,5 % d'ici 2018.
Encore faut-il qu'ArcelorMittal garde ses parts de marché dans un secteur en pleine mutation et "où la pression de l'aluminium est plus forte qu'en Europe", reconnaît-on au sein du groupe.
Le constructeur Ford a fait un coup d'éclat en annonçant cette année le passage massif à l'aluminium pour son emblématique pick-up F-150, le plus vendu aux États-Unis, avec l'objectif de réduire son poids de près de 300 kg.
Face à cette concurrence, Lou Schorsch se dit déterminé. "Nous voulons développer et produire des aciers de haute qualité pour permettre aux constructeurs d'atteindre leurs objectifs de poids sans se tourner vers des matériaux alternatifs", assure-t-il, convaincu que le site de Calvert, situé à proximité d'usines de Honda, Mercedes et Hyundai, sera essentiel pour qu'ArcelorMittal y parvienne.
Selon les chiffres du groupe, l'acier constitue aujourd'hui 57 % d'un véhicule, contre 9 % pour l'aluminium et 22 % pour le plastique. Une position qu'il entend défendre avec la production de nouveaux aciers pour voiture appelés Fortiform.

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