Le fonds souverain Temasek diversifie ses investissements

A l'aube de ses 40 ans, le géant singapourien Temasek, un des plus importants fonds souverains au monde, diversifie ses investissements au-delà de la finance, vers la distribution et les matières premières en Afrique par exemple, pour garantir sa croissance, selon les analystes.
Fort de 215 milliards de dollars de Singapour (124 milliards d'euros) au 31 mars 2013, dernier chiffre publié, Temasek, créé en juin 1974, appartient au groupe des dix plus gros fonds d'investissements dans le monde, selon l'Institut des fonds souverains, basé aux États-Unis. Plus de 70 % de ses investissements sont en Asie et recouvrent des secteurs aussi divers que la banque, les télécoms, les transports, l'immobilier et les technologies médicales et biologiques. Le fonds passe régulièrement en revue son portefeuille, à la recherche de nouveaux relais de croissance et d'une diversification plus poussée afin de mieux affronter une éventuelle nouvelle crise financière de l'ampleur de celle qui avait secoué le monde en 2008-2009. Selon les analystes, Temasek s'intéresse notamment aux secteurs dopés par la demande des nouvelles classes moyennes dans les pays émergents, ainsi qu'aux domaines des énergies et des matières premières.
"L'une des stratégies-clés poursuivies par Temasek ces dernières années a été de diversifier son portefeuille pour tirer avantage de la croissance rapide des dépenses de consommation des classes moyennes dans les économies émergentes", souligne Rajiv Biswas, chef économiste pour l'Asie-Pacifique chez IHS Global Insight. En mars, Temasek a acquis près de 25 % d'AS Watson, un groupe de chaînes de distribution détenu par l'homme le plus riche d'Asie, le milliardaire hong-kongais Li Ka Shing, pour 44 milliards de Hong Kong (4,09 milliards d'euros). Ses magasins les plus connus, Watson, sont des pharmacies et parapharmacies, connues dans toute l'Asie.

Un œil sur l'Afrique

Toujours en mars, un consortium mené par Temasek a mis sur la table 2,53 milliards SGD pour racheter les parts des actionnaires minoritaires de Olam, négociant en matières premières agricoles (noix, café, cacao, sucre...). Olam, dont Temasek possédait déjà 52,5 %, est le premier groupe mondial de négoce en riz, café et cacao. L'entreprise, fondée il y a 24 ans au Nigeria, vend également de l'alimentation sous sa propre marque en Afrique.
Le cabinet de recherches Euromonitor prévoit que la vente de produits alimentaires aux particuliers totalisera 16.120 milliards de dollars (11.620 milliards d'euros) d'ici 2018, contre 13.920 milliards de dollars en 2013, et que l'Asie-Pacifique représentera les deux tiers de ce chiffre d'affaires. Quant aux marché des produits d'hygiène et de beauté, il devrait représenter 523,51 milliards de dollars en 2018, contre 454,11 milliards en 2013.
Temasek a aussi renforcé récemment ses investissements dans le secteur de l'énergie, avec un œil là aussi tourné vers l'Afrique. Sur l'exercice clos le 31 mars 2013, les investissements nets de Temasek dans les énergies et les ressources s'élevaient à 4 milliards SGD, soit 6 % du portefeuille, contre 3 % en 2011. Y figurent des parts dans la compagnie pétrolière espagnole Repsol, dans une firme américaine, Cheniere Energy, qui construit des terminaux d'exportation de gaz liquide naturel aux États-Unis, et dans Venari Resources, là encore une firme américaine, dédiée à l'exploration en eaux profondes dans le golfe de Mexique. Pavilion Energy, une filiale à 100 % du fonds souverain de Singapour, a acheté fin 2013 une participation de 20 % dans trois champs de gaz naturel en Tanzanie, pour 1,3 milliard de dollars.

Un "pilier" du portefeuille

Et en avril, Temasek a investi 150 millions de dollars dans Seven Energy, une compagnie pétrolière du Nigeria. "Les développements dans le gaz et le pétrole en Afrique peuvent jouer un rôle significatif dans la fourniture d'énergies à l'Asie, dont la demande est attendue en forte hausse au cours des vingt à trente prochaines années", note Rajiv Biswas, de IHS Global Insight.
Les services financiers représentent toujours la part du lion des investissements de Temasek, mais une part qui s'érode, passant de 40 % en 2008 à 31 % fin mars 2013. "C'est le secteur par lequel Temasek a souffert et c'est pour cela que le fonds se diversifie", avance Kelly Teo, directeur chez IR Resources. Stephen Forshaw, porte-parole du fonds souverain, souligne que les services financiers "resteront un pilier" du portefeuille. "Les banques sont indispensables à la croissance des économies. Les entreprises qui croissent ont besoin d'accéder au crédit et les consommateurs doivent accéder aux services bancaires", déclare-t-il. Mais même dans ce secteur, Temasek ne se cantonne plus seulement aux banques et investit désormais dans l'assurance : acquisition de 2 % dans le hong-kongais AIA Group et de 1 % dans le chinois Ping An Insurance Group. Le néerlandais ING a annoncé en avril l'investissement par Temasek de 425 millions d'euros dans sa filiale, NN Group. "Au fil du temps, nous rééquilibrons notre portefeuille en fonction des opportunités. Nous examinons les grandes tendances, telles que la poussée des économies émergentes, les changements technologiques, le vieillissement de la population et l'urbanisation", résume Stephen Forshaw.

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