Le fret aérien européen, encore groggy, cherche à rebondir

Le secteur du fret aérien, ultra sensible aux soubresauts économiques, se met en ordre de bataille en Europe pour regagner les parts de marchés perdues depuis la crise de 2008 et remplir les soutes des avions passagers qui ont détrôné le "tout cargo".
L'activité du secteur en Europe ne s'est jamais vraiment remise du choc de la crise financière de 2008. Malgré un frémissement depuis 2014, elle reste morose, concurrencée par la route, le maritime et le ferroviaire et en proie au dilemme d'une surcapacité croissante. Les professionnels du secteur étaient réunis jusqu'à vendredi 28 octobre à Paris dans le cadre de l'Air Cargo Forum, organisé tous les deux ans par le Tiaca (The International Air Cargo Association).
Dans le top 15 des plateformes cargo (fret plus Poste), Hong Kong (4,4 millions de tonnes par an) et Memphis (4,3 millions) caracolaient en tête en 2015. Les aéroports européens, Roissy (2,09 millions de tonnes) et Francfort (2,07 millions), n'arrivent qu'aux 9e et 10e rangs, selon l'association d'aéroports ACI Europe. Dans un contexte ultra concurrentiel où la guerre des prix fait rage, de plus en plus de compagnies aériennes ont fait le choix de réduire leur flotte d'appareils tout cargo, privilégiant les soutes des avions passagers pour gagner en rentabilité.
À Roissy-Charles-de-Gaulle (CDG), "environ 60 % du fret est transporté dans les soutes des avions passagers", précise Edward Arkwright, directeur général en charge du développement de Groupe ADP, le gestionnaire de l'aéroport parisien. Chez Air France-KLM-Martinair, depuis 2008 la flotte cargo a été progressivement réduite et ne compte plus aujourd'hui que 6 avions (2 à Paris et 4 à Amsterdam, contre 13 à fin mars 2015). 90 % du tonnage est aujourd'hui transporté à bord des avions passagers.
Si le fret aérien ne représente que 2 % des tonnages transportés à l'échelle mondiale, selon l'Iata (Association internationale des transporteurs aériens), il atteint 35 % pour la valeur des biens, grâce au transport de marchandises à forte valeur ajoutée (produits pharmaceutiques, appareils électroniques...) et tente aussi de profiter de la vague de l'e-commerce.

"L'activité cargo est une activité méconnue mais cardinale pour un aéroport"

Dans les aéroports, l'activité cargo et ses milliers de m2 de bâtiments sont au cœur de la stratégie immobilière des plateformes. À Roissy, elle commence à retrouver quelques couleurs après trois années consécutives de baisse et Groupe ADP a lancé un plan d'action pour conforter sa place de numéro 1 européen avec la création de 100.000 m2 supplémentaires d'installations dédiées au fret sur la période 2016-2020, qui viendront s'ajouter aux 600.000 m2 actuels de sa "cargo city".
"L'activité cargo est une activité méconnue mais cardinale pour un aéroport", explique Edward Arkwright soulignant le rôle de "chef d'orchestre" du gestionnaire aéroportuaire de cette activité intimement liée à tous les autres secteurs aéroportuaires. Récemment, le groupe de messagerie américain FedEx a annoncé un investissement de 200 millions d'euros pour agrandir sa plateforme de distribution à Charles-de-Gaulle. De grands noms du fret (DB Schender, Kuehne+Nagel, DHL, Global Forwarding, Sodexi ou Bolloré logistics) y ont aussi renforcé leur présence.
Pour faire évoluer l'activité, ADP a lancé des projets de système de géolocalisation des matériels de piste et de station animalière à l'export. Chaque année 3.000 lots d'animaux (équidés, animaux d'élevage ou de compagnie, faune sauvage...) passent déjà par Roissy-Charles-de-Gaulle pour y subir un contrôle sanitaire à l'import.
Mais le monde du fret aérien offre aussi quelques marchés de niche comme le service personnalisé de transport avec coursier que propose le courtier en affrètement ACS. Partout dans le monde des "accompagnateurs" sont prêts à sauter dans un avion pour amener un colis ou un chargement à bon port, avec la solution de vol la mieux adaptée. Parmi ces colis très spéciaux transportés récemment, raconte François-Xavier Camus, directeur aviation commerciale France d'ACS : la paire de chaussures favorite d'une richissime cliente indonésienne, oubliée dans un palace new-yorkais et ramenée à Jakarta, ou encore 200 robes sorties d'un atelier de haute couture et transportées en jet privé de Bologne à Paris, pour être à l'heure à l'ouverture de la Fashion Week.

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