Le malaise des routiers dans le Calaisis

"On conduit la peur au ventre", affirme Thierry Trupin, chauffeur routier d'une entreprise œuvrant dans le trafic transmanche. Comme lui, des salariés du Calaisis expriment leur malaise et disent vivre sous tension face à l'afflux des réfugiés. Le port de Calais et le tunnel sous la Manche constituent les seules voies de passage vers l'Angleterre pour les quelque 6.000 migrants vivant dans le camp de la "Jungle" à Calais, qui a doublé de population en trois semaines. Depuis le 26 juin, 17 d'entre eux sont morts en essayant de rejoindre "l'eldorado britannique" percutés par des navettes, noyés dans le port ou encore électrocutés. "Ça devient invivable, on a peur de se rendre au port la nuit", raconte ainsi Thierry Trupin, délégué FO, évoquant le "ras-le-bol total des conducteurs" face à des migrants "prêts à tout" pour monter dans les camions avec l'espoir de traverser la Manche. Et d'assurer qu'ils "lancent des pierres ou des barrières sur les poids lourds pour les stopper et pouvoir monter". Le risque est aussi financier : si un conducteur est contrôlé côté anglais avec un migrant dans sa remorque, "c'est une amende de 2.000 livres (2.769 euros) par migrant", à la charge du chauffeur. "Ils n'ont peur de rien, ils ont déjà fait un voyage de 5.000 km, ce n'est pas à 100 km de leur destination qu'ils vont abandonner", renchérit Olivier Lemaître, agent de maintenance au port de Calais.
Au travail, l'atmosphère se tend : "les conversations ne tournent plus qu'autour de ça" et les collègues "vivent avec la peur de tuer quelqu'un", raconte Philippe Vanderbeck, conducteur de train à Eurotunnel et délégué CGT, pour qui le "métier passion" devient "une galère". La CGT a d'ailleurs publié une lettre ouverte pour alerter l'opinion : "Nous, conducteurs, ne voulons, mais surtout ne pouvons, continuer à exercer notre métier dans de telles conditions de stress, d'angoisse et de peur au ventre. Le cœur n'y est plus".
Au port, les agents de sécurité, notamment en charge des contrôles des camions avant leur embarquement, étaient en grève mi-octobre pour réclamer des effectifs supplémentaires.
Des douaniers dénoncent, eux, "une impression de travailler pour rien". "Quand nous trouvons et sortons un migrant d'un véhicule, il est relâché un peu plus loin et il revient", explique Hervé Guilbert, douanier à Eurotunnel.

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