Le top 20 des armateurs sur le fil du rasoir financier en 2015

La rentabilité devrait continuer à baisser dans le secteur de la ligne régulière d'ici la fin de l'année. Selon le cabinet de consultants britannique Drewry Shipping, cette morosité devrait placer les grands armateurs sur le fil du rasoir financier.
Dans le secteur de la ligne régulière conteneurisée, la baisse du chiffre d'affaires observée au cours du premier semestre chez les opérateurs mondiaux continue de peser lourdement sur leurs résultats. Seule la baisse des prix du carburant leur a permis de réaliser quelques économies.
Selon Drewry Shipping Consultants, le "top 20", qui contrôle à ce jour 65 % de la flotte conteneurisée mondiale, a enregistré au cours du premier semestre environ 60 milliards du chiffre d'affaires global. Mais celui-ci a marqué un repli de 5 % par rapport aux six premiers mois de l'année 2014.
Sans surprise, ce recul est dû d'une part au bas niveau des taux de fret que les armateurs ont tenté sans succès de restaurer à plusieurs reprises depuis le début de l'année et, d'autre part, à une demande qui s'avère toujours aussi faible.

Chiffre d'affaires en hausse pour Yang Ming et Wan Hai

Sur les seize armateurs mondiaux qui communiquent leurs résultats financiers, seuls les taïwanais Yang Ming et Wan Hai ont enregistré un chiffre d'affaires en hausse au cours du premier semestre. Pour leur part, APL, Hapag-Lloyd et Zim ont achevé le mois de juin sur des baisses situées entre 10 % et presque 20 %. Ils ont été suivis par CSCL, Mol et Hyundai (voir graphique).

Selon Drewry Shipping, l'année 2015 s'avère singulière. Elle est marquée par une baisse des coûts d'exploitation des armateurs qui ont chuté plus rapidement que leurs propres taux de fret au cours des six premiers mois de l'année. Chiffres à l'appui, les consultants britanniques estiment en effet que leurs coûts d'exploitation ont ralenti de 11 % au cours du premier semestre de l'année par rapport à l'an dernier tandis que leurs revenus ont plongé de 7 % pendant la même période.
"D'après les prix du fuel et les taux de fret pratiqués au cours du troisième trimestre, il ne devrait pas y avoir de renversement de tendance en 2015. Quoi qu'il arrive au dernier trimestre, l'année devrait être dans le prolongement de ce qui s'est passé au cours des neuf premiers mois", jugent les analystes.
Même si de nombreux armateurs tentent de réduire leurs coûts d'exploitation en commandant des navires de plus grande capacité et plus économes en matière de fuel, Drewry se dit convaincu que les bénéfices escomptés seront réduits à néant en raison de l'effet destabilisateur que ces navires neufs provoquent sur le marché.
Et le cabinet de consultants londonien d'ajouter que le défi le plus difficile pour la profession est double. "Avant de faire repartir leurs coûts à la hausse, ils doivent pouvoir faire accepter des restaurations de taux de fret par le marché et ainsi augmenter leurs revenus".

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