Les acteurs du shipping mettent le cap sur le numérique

Pour anticiper l'évolution introduite par le e-commerce, les acteurs du shipping se sont rapidement mis au numérique sans attendre la révolution. Quant aux ports, la notion du "smart", qui constitue "un défi technologique", a déjà démarré mais intègre également toute une série de concepts visant à les rendre plus attractifs, plus écologiques et mieux intégrés dans l'économie de demain.
Lors de son colloque annuel, qui s’est déroulé la semaine dernière à Marseille pour son cinquantième anniversaire, l’Institut méditerranéen des transports maritimes (IMTM) a réuni nombre d’experts du monde maritime et portuaire pour tenter d’apporter une définition concrète au terme de "smart". Paraphrasant Molière, Christine Cabau-Woehrel, la présidente du directoire du Grand Port maritime de Marseille (GPMM) a déclaré : "Tel Monsieur Jourdain, le port de Marseille-Fos pratique du smart sans le savoir depuis déjà longtemps". Elle juge que "l’économie maritime et portuaire est source de richesses". À ses yeux, "l’économie numérique est au service de la fiabilité et de la fluidité du passage portuaire. Elle évoque la présence sur la place portuaire de MGI, avec son CCS AP+ (demain Ci5), et de la start-up Traxens. Deux entreprises ayant mis en place des outils qui permettent d'assurer le renouveau de la fluidité et d'améliorer la dématérialisation en door-to-door de la marchandise". Elle évoque également Neptune Port, le successeur du logiciel Escale du port phocéen.
Pour le GPMM, être au cœur du "smart" consiste en outre à accueillir des câbles sous-marins internationaux. Selon Christine Cabau-Woehrel, le port phocéen fait partie des zones d'arrivée en connexion avec Paris, Londres, Amsterdam, Francfort… Elle trouve également une déclinaison au service d'un écosystème durable. La directrice générale du GPMM estime que la notion de "smart" couvre également à Fos l'écosystème de la zone de Piicto avec la récupération de la vapeur d'eau, le projet Innovex, la géothermie marine, le branchement des navires à quai (La Méridionale) puis tout un panel d'indicateurs sur la qualité de l'air, de l'eau et sur les nuisances sonores… Quant à Jean-Philippe Salducci, le président de l'Union maritime et fluviale de Marseille-Fos (UMF), il estime également que le smart permet de rendre plus fluides les infrastructures.

 "Les armateurs sont aux avant-postes de la technologie"

Éric Banel, délégué général d'Armateurs de France, après avoir paraphrasé un ex-président de l'association selon lequel "les armateurs sont aux avant-postes de la technologie". Il juge : "un navire est largement smart". Et de citer notamment "AIS et monitoring". Il ajoute que ces outils sont au bénéfice d'une part de l'équipage mais aussi de la terre. Après avoir lancé l'interrogation : "Allons-nous vers un monde sans équipage ?", il répond : "On en est loin".  Une question qui comporte, selon lui, un volet social. Il estime que "l'homme doit être en capacité d'intervenir. La veille doit être assurée à bord". Il évoque les projets côtiers d'Armateurs de France et le projet Run. Il évoque la commande d'un ferry au GNL par Britanny Ferries. "Un navire s'intégrant, selon lui, dans la chaîne logistique globale".
 Du côté des armateurs, Jean-Philippe Thénoz, directeur de l'entité Business Development et Projets spéciaux du groupe CMA CGM, a souligné : "Les acteurs de l'économie mondiale cherchent à rapprocher la production et la consommation". Selon lui, le secteur de la ligne régulière, "lié de plus en plus à l'offre et la demande s'est commoditisé". En d'autres termes, les armateurs sont devenus des "fournisseurs" de marchandises. Ce qui explique à ses yeux le fait qu'ils ne puissent plus seulement opérer des navires et qu'ils se soient "concentrés sur le "door-to-door". Il estime, en outre, que "la digitalisation est un levier de transformation" et mentionne l'adhésion de CMA CGM au portail Inttra. "80 % de nos transactions sont devenues électroniques", souligne Jean-Philippe Thénoz qui évoque surtout, pour illustrer son propos, le partenariat entre le troisième armateur mondial et les acteurs du commerce en ligne Amazon et Ali Baba. Il ajoute également "le raccourcissement des cycles économiques" de la ligne régulière conteneurisée.
Du côté de l'Afrique de l'Ouest, les ports misent sur les guichets uniques portuaires pour résoudre leurs problèmes de congestion. Selon Hien Sie, vice-président pour l'Afrique de l'IAPH, il s'agit là d'une "première étape vers le smart port". Tel est le cas, à ses yeux, d'Abidjan et de Cotonou. Il souligne en outre la certification aux normes 14001 version 2004 du port-capitale de la côte d'Ivoire.
Pour le président du Cluster maritime français (CMF), Frédéric Moncany de Saint-Aignan, le "smart reste un défi technologique incontournable". S'appuyant sur les études (rassurantes) de l'OCDE selon lesquelles l'économie mondiale aura doublé d'ici 2030, il reste à ses yeux "de nombreuses étapes à franchir en termes d'innovation, d'agilité, et d'accélération des processus".
Pour la présidente de l'IMTM, Claire Merlin, qui part du constat que "le smart est un outil", reste convaincue que la justice est encore "raide". Il lui faudra, selon elle, "fournir des efforts pour intégrer cette notion". La juriste est convaincue qu'il y a "des business models à réinventer".

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