Les conditions de travail se dégradent dans le transport routier

L’association Moderniser sans exclure (MSE) a réalisé un film de 25 min sur les conditions de travail et le vieillissement chez les conducteurs routiers à partir de témoignages de conducteurs d’une cinquantaine d’années, de DRH, de syndicalistes, de la FNTR de la Savoie. Les messages désabusés n’exhorteront pas les jeunes à intégrer cette filière pourtant déficitaire en compétences mais le film pose un diagnostic qui devrait permettre d’ouvrir le débat… et de trouver des solutions !
"Prendre l’avis du terrain", "On ne fait plus de la route, on fait du régional. Si on dépasse le temps de conduite de quelques minutes, les PV tombent", "On fait plus de manutentions que de kilomètres", "Nous vivons grâce au client mais le client vit aussi grâce à nous", "L’informatique embarquée, le numérique, le GPS sont de plus en plus présents et nous transforment en robots qu’on suit à chaque seconde", "Le chauffeur devient-il un manutentionnaire ?", "La pénibilité vient des entreprises chez lesquelles on charge"… autant de réflexions de conducteurs qui ont des milliers de kilomètres sous les pieds, ont aimé le métier, la liberté, l’autonomie, des rapports humains qui ont été plus souples. Aujourd’hui, ils sont confrontés à un métier qui change dans un contexte stressant et fatigant, souvent ponctué par des problèmes d’exploitation, de relations humaines absentes ou défaillantes et des organisations rigides dirigées par le flux tendu, une concurrence exacerbée, une perte d’influence du pavillon français, des réglementations contraignantes, des dérégulations en cascades et des rémunérations stagnantes !

Un film pour ouvrir le débat

Ce qui "coince", entre autres, ce sont les relations avec le donneur d’ordres. Un travail particulier devrait être accompli avec les transporteurs, les syndicats, les chargeurs, les distributeurs et les organisations patronales qui pourraient peser sur les donneurs d’ordres pour trouver des pistes d’action et d’amélioration (réintroduire le tutorat, aide à la manutention, aménagement de quais de déchargement, organisation des tournées…). Des changements s’imposent.
Le projet en cours est conduit par Lasaire, le Forum syndical européen, Moderniser sans exclure, la Carsat, l’OPCA Transports, Klesia, et soutenu par la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Sur une enveloppe de 50.000 euros, le film a coûté 23.000 euros. Vu comme "un produit d’appel", le film et des "rushs" conservés devraient servir de base pour ouvrir le débat et pour une grande réunion sur ce thème qui pourrait se tenir à Chambéry en fin d’année.

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