Les entrepreneurs français toujours prudents

La confiance des entrepreneurs français n'a pas encore pris un réel envol en avril, mais avec une embellie dans l'industrie et une bonne tenue de la consommation, le début de reprise attendu de pied ferme par le gouvernement ne devrait pas en pâtir.
Plusieurs indicateurs publiés jeudi 23 avril, par l'Insee et par le cabinet Markit, montrent un certain ralentissement de la confiance des entrepreneurs privés, dans les services davantage que dans l'industrie. L'indice dit "composite PMI" publié par le cabinet Markit, qui évalue l'activité globale du secteur privé, s'établit à 50,2 points en avril, après 51,5 en mars. Il reste de justesse dans la zone d'expansion et traduit une "hausse infime de l'activité". Le ralentissement observé reflète selon Markit "les effets combinés d'un affaiblissement de la hausse de l'activité dans le secteur des services et d'un recul plus prononcé de la production dans l'industrie manufacturière en avril".
L'indice du climat des affaires de l'Insee est en légère contradiction avec l'indice PMI. Il montre lui une stagnation en avril (96 points) mais avec une amélioration de la confiance des industriels qui dépasse en avril sa moyenne depuis 1976, après une légère rechute au-dessous en mars. L'étude trimestrielle de l'Insee sur le climat des affaires dans le secteur manufacturier confirme que la demande intérieure et surtout extérieure augmente mais aussi que les capacités de production des industries sont de plus en plus utilisées.

Embellie dans l'industrie

"L'industrie qui est la partie la plus cyclique de l'économie continue à progresser, les perspectives d'exportations progressent beaucoup, les taux d'utilisation des capacités productives se redressent", a résumé jeudi 23 avril le cabinet du ministre des Finances, Michel Sapin. Pour l'entourage du ministre, "tout ceci est favorable à une reprise de l'investissement", qui doit permettre d'installer dans le temps la timide reprise ressentie en début d'année.

Les services et le bâtiment à la traîne

Pour Jack Kennedy de Markit au contraire, "les dernières données PMI flash signalent une quasi-stagnation de l'activité globale en avril, témoignant d'un climat économique toujours défavorable en France". Quelle leçon tirer alors de ces différents indicateurs ? "On va avoir un début de reprise au premier semestre mais, avant d'avoir un relai sur l'emploi, le chômage, il y aura un peu de déstockage du côté de l'industrie grâce à une forte augmentation de la consommation qui va enclencher la dynamique", explique Mathieu Plane, de l'Observatoire français des conjonctures économiques. Il estime que "le relai sur les services n'a pas pris encore", rappelant que ce secteur, plus protégé en cas de crise, est aussi plus long à redémarrer en période de reprise. "La baisse de l'euro, c'est l'industrie qui en profite, la baisse des prix du pétrole aussi", détaille-t-il.
De fait, selon Markit, le secteur des services a enregistré sa plus faible hausse de nouvelles affaires depuis janvier et l'Insee décrit un indicateur de retournement - qui permet d'anticiper les phases de reprise - pour les services, toujours ancré en zone défavorable. "Le secteur des services, qui a pourtant été l'un des rares éléments de soutien à l'activité des derniers mois, accuse un ralentissement surprise mais il semble peu probable qu'une dégradation plus importante ait lieu", tempère l'économiste de Saxobank Christopher Dembik dans une note sur le seul PMI. Il s'inquiète néanmoins d'un secteur du bâtiment "sinistré" qui joue selon lui "habituellement" le rôle d'un "indicateur avancé de croissance".
Comme lui, Denis Ferrand, économiste chez Coe-Rexecode, souligne une "activité très médiocre dans le bâtiment", présentant des chiffres "plus dégradés qu'en 2008-2009". "Ce qui fera qu'on aura une véritable reprise, c'est quand l'investissement sera reparti, c'est-à-dire que l'impulsion extérieure qui permet d'avoir un peu plus de consommation (effet pétrole, effet euro) se sera transformé en un véritable redressement de l'investissement", relève-t-il. Or, observe l'économiste, "on n'a pas vraiment de signe que l'investissement va se dégripper, notamment dans le secteur du bâtiment".

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