Les exportations agricoles du Liban asphyxiées par le conflit en Syrie

Les exportations terrestres du Liban sont frappées de paralysie depuis la fermeture il y a un mois du dernier poste-frontière entre la Syrie voisine en guerre et la Jordanie, d'où transitent les marchandises libanaises vers le Golfe et l'Irak.
Les exportations agricoles du Liban sont asphyxiées par le conflit en Syrie. Avant le début de la guerre en Syrie en 2011, les produits libanais transitaient par la Syrie pour aller vers l'Irak ou le Golfe à travers une dizaine de points de passage syriens, via la Jordanie. Avec l'intensification des combats, les points de passage ont fermé progressivement. Le dernier poste-frontière avec la Jordanie, celui de Nassib, a été fermé le 1er avril après sa prise par les rebelles aux soldats du régime. La fermeture des passages a fait perdre des dizaines de millions dollars à l'agriculture et l'industrie libanaises qui n'ont plus accès à leurs marchés traditionnels.

Tout est bloqué

Les marchandises exportées par voie terrestre représentent 35 % de l'ensemble des exportations du Liban, selon l'analyste économique Nassib Ghobril. Et d'après le ministère de l'Agriculture, les exportations des fruits et légumes représentent 6 % du PIB et 17 % du total des exportations. "Nassib était le seul point de passage pour les exportations terrestres libanaises et depuis sa fermeture, tout est bloqué", a dit l'analyste. Selon les douanes libanaises, les ventes vers les pays du Golfe ont atteint 920 millions de dollars en 2014, et 256 millions vers l'Irak. Il reste un point de passage syrien officiellement ouvert avec l'Irak, celui d'Al-Tanef, mais personne ne l'utilise car la route désertique est trop dangereuse. "Avant 2011, 250 camions libanais franchissaient quotidiennement la frontière syrienne", rappelle Omar al-Ali, chef du syndicat des camions réfrigérés. "Leur nombre est tombé à 120 à cause de l'instabilité sur les routes et la fermeture de Nassib. Seuls quelques-uns se rendent en Syrie pour approvisionner le marché local", déplore-t-il. En effet, selon Nassib Ghobril, le transport terrestre, utilisé quasi-exclusivement pour les exportations agricoles, est après le tourisme, le secteur le plus sinistré par la guerre syrienne. "Nos camions faisaient bouger l'économie libanaise. Maintenant, nous avons 900 camions réfrigérés à l’arrêt au Liban et d'autres bloqués dans le Golfe", se lamente Omar al-Ali.

L'alternative du transport maritime

Lui-même possède une compagnie de transport et il paie ses chauffeurs 1.500 dollars par mois. Désœuvrés, assis au siège du syndicat à Bar Elias, dans la Békaa, beaucoup de ses camionneurs, enchaînent cigarette sur cigarette, maudissant la catastrophe qui s'est abattue sur eux. Leurs camions sont à l'arrêt dans un parking proche, tandis que le poste-frontière libanais de Masnaa, d'habitude si animé, est vide. "Je passe maintenant mon temps chez moi. Je travaille depuis trente ans et quand je ne conduis pas mon camion réfrigéré tous les jours, je ne me sens pas à l'aise. J'ai ce métier dans le sang", explique Khaled Oraji, 55 ans, une des centaines de victimes de la fermeture de Nassib. Pour tenter de trouver une alternative, le gouvernement libanais étudie la faisabilité d'une voie maritime. Le Liban est bordé à l'ouest par la Méditerranée et au sud par Israël, pays avec qui il est techniquement en guerre. Néanmoins pour Nassib Ghobril, le transport maritime "requiert plus de temps et est incontestablement plus cher, mais c'est mieux que rien". L'exportateur Ahmad Alam balaie d'un revers de main cette solution en faisant remarquer que les légumes verts auront perdu toute leur fraîcheur à cause de la longueur du trajet. Dans son dépôt de Bar Elias, de jeunes gens remplissent des cageots d'oranges, de pommes et d'amandes fraîches, dont les prix ont fortement baissé. D'autres mettent des laitues dans des caisses, qu'ils placent dans les camions réfrigérés pour les transporter à l'aéroport de Beyrouth. Si exportateurs et routiers espèrent une solution rapide, le ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, n'est pas optimiste. "Malheureusement, nous sommes devenus une île".

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