Les producteurs de caoutchouc en Thaïlande, victimes du marché

À l'époque faste du marché automobile mondial, les producteurs de caoutchouc croulaient sous les commandes dans leur plantation, dans le Sud de la Thaïlande. Avec la chute des cours mondiaux, ils croulent désormais sous les dettes.
Depuis fin août, la colère des producteurs de caoutchouc ne cesse de monter en Thaïlande, premier exportateur mondial de caoutchouc naturel, au coude-à-coude avec l'Indonésie. Au point de constituer aujourd'hui le principal dossier à régler pour la Premier ministre, Yingluck Shinawatra, aux manettes depuis deux ans. Des milliers de fermiers ont manifesté cette semaine à travers le Sud du pays, bloquant routes et trains afin d'attirer l'attention, face à la chute de moitié du prix du caoutchouc sur les marchés mondiaux depuis 2011.
En tant que premier exportateur mondial de caoutchouc naturel, la Thaïlande est au premier rang des pays touchés par la chute des cours, alors même que nombre de ses exploitants agricoles se sont endettés pour agrandir leur ferme, plantant de nouveaux arbres, à une époque plus faste. Mais quand les jeunes arbres ont atteint la maturité permettant d'inciser leur tronc pour en faire couler le précieux latex naturel, la demande des économies occidentales et chinoise avait déjà baissé, les ventes globales de voitures et d'autres biens à base de caoutchouc ayant reculé. "La conjoncture du marché du caoutchouc naturel est directement liée à la situation automobile mondiale et plus particulièrement au marché chinois", analyse le dernier rapport Cyclope, spécialiste des matières premières. "Ces dernières années, les prix mondiaux du caoutchouc ont baissé principalement en raison de la surproduction dans des pays comme la Thaïlande et l'Indonésie", explique Simmathiri Appanah, spécialiste en ressources naturelles ayant collaboré avec la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. "Aujourd'hui, d'autres pays comme le Vietnam et la Chine produisent aussi du caoutchouc, ce qui a un effet indéniable sur le marché", ajoute-t-il.
Au problème de la chute des cours mondiaux s'ajoute en Thaïlande celui de la taille des exploitations : elles y sont en effet petites, rendant la concurrence difficile pour elles face à de grosses exploitations comme en Malaisie.
Autre difficulté sur le marché thaïlandais : l'importance des intermédiaires. "Ce sont souvent des petits commerçants qui achètent les produits à bas prix avant de les revendre. Ils ne payent pas un prix décent aux fermiers", confirme Simmathiri Appanah.
De strictement économique, le conflit du caoutchouc a pris une dimension politique, dans un pays où les manifestations peuvent s'emballer rapidement. Les producteurs de caoutchouc dénoncent aujourd'hui le deux poids deux mesures du gouvernement, qui dépense des milliards de dollars pour un programme de prix garanti du riz, l'autre grande production agricole du pays. Le gouvernement thaïlandais reste cependant inflexible face aux producteurs de caoutchouc, alors que l'économie thaïlandaise est en pleine contraction. Les manifestants refusent la proposition du gouvernement, qui n'est prêt à leur accorder qu'une subvention bien inférieure à leurs exigences de prix d'achat garanti à 4 euros le kilo. Sur les marchés mondiaux, le cours moyen du caoutchouc au premier semestre s'est élevé à 2,05 euros le kilo contre 2,72 euros au premier semestre 2012, soit une chute de 24 %.

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