Les vieux gréements reprennent le travail pour une planète plus verte

Ils sont cinq sur les quais du port de Douarnenez (Finistère) en cette fin août à décharger du "Lun II", un vieux gréement de 1914, 10 tonnes de vin biologique en provenance du Portugal et estampillé du label "Transporté à la voile".
"C'est le seul certificat de transport au monde", se félicite Guillaume Le Grand, fondateur de la société TransOceanic Wind Transport (Towt). Basée dans le port breton, l'entreprise affrète le "Lun II" et propose ce label, qui fournit au consommateur les données, y compris environnementales, de navigation du produit. "Il n'y a pas d'autre label de transport et a fortiori il n'y a pas d'autre label de transport à la voile", assure le dirigeant, tout en débardant le vin acheminé depuis Porto pour le compte du distributeur Biocoop. Le capitaine et propriétaire du navire, Ulysse Buquen, s'occupe également du déchargement de ce vin de la vallée du Douro. Le "Lun II" a rallié Douarnenez en trois jours et demi, à plus de neuf nœuds de moyenne. "Un tel transport donne vraiment un sens à la navigation", se réjouit le capitaine de la galéasse norvégienne de 25 mètres, qui a déjà ramené cet été du café biologique et du rhum des Antilles, toujours pour le compte de Towt. Lancée en 2011, l'entreprise compte pérenniser la ligne transatlantique entre la France et les Antilles grâce à son partenariat avec le "Lun II", l'un des huit voiliers qu'elle affrète régulièrement, dont les goélettes françaises "Corentin", "Biche" et "Nébuleuse".

"Vrai modèle économique"

"On remet les vieux gréements au travail", souligne Guillaume Le Grand, un ancien analyste de la City de Londres au débit de parole ultra rapide. "Ils nous permettent d'avoir une activité de plusieurs centaines de tonnes de marchandises transportées annuellement, d'avoir des employés (six, NDLR) et un vrai modèle économique", poursuit le dirigeant breton, fier d'être à la tête de "la seule entreprise viable en France à faire du transport à la voile".
Mais ce passionné de mer n'est pas un doux rêveur ni un nostalgique des vieux gréements. Convaincu de la "finitude du monde" et qu'un "jour il n'y aura plus de pétrole", il croit fermement en l'avenir de ce mode de transport, propre et équitable.
Lauréat du programme des investissements d'avenir de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), il compte lever cet hiver des fonds afin de construire un premier voilier-cargo moderne, d'une soixantaine de mètres et d'une capacité de près de 1.000 tonnes.
Avec un prix du pétrole faible, le coût du transport d'un paquet de 250 grammes de café depuis la Colombie jusqu'en France est d'un centime d'euro. Mais avec un doublement ou un triplement du prix de l'or noir, "on pourrait assez rapidement être concurrentiels avec des solutions à la voile", soutient Guillaume Le Grand, qui rappelle que 90 % des marchandises transitent par la mer.
Le vin de Porto sera vendu à un prix compris entre 10,60 et 10,80 euros la bouteille, contre environ 10 euros s'il avait été acheminé par camion. "Actuellement, on coûte deux fois le camion qui serait venu de Porto, mais on réduit le bilan carbone de 75 à 85 %", souligne Guillaume, estimant qu'entre 15 et 20 tonnes de CO2 ont ainsi été économisées.
"C'est marginal, on en a conscience, mais on apporte une vraie alternative viable au transport maritime classique", assure-t-il.
D'autres projets sont en train d'éclore en France et ailleurs avec l'objectif d'utiliser la force du vent pour acheminer le fret, via des voiliers modernes, mais également des cargos dotés d'ailes rigides rétractables ou des porte-conteneurs tractés par des cerfs-volants, comme dans le cas du projet porté par le navigateur Yves Parlier.

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