Mexique : le secteur aéronautique en plein essor

Arturo Avila a travaillé dur pour monter sa start-up mexicaine dans le secteur aéronautique. Il ne voudrait surtout pas voir ses efforts ruinés par les menaces de Donald Trump sur l'Accord de libre-échange nord-américain.
Arturo Avila est le fondateur de Altaser Aerospace, une des 300 entreprises qui contribuent à la croissance rapide du secteur aéronautique au Mexique. Une industrie en plein essor qui génère désormais 19 milliards de dollars par an, soit un bond de 179 % depuis 2009. Grâce à l'Aléna - que le Mexique, les États-Unis et le Canada renégocient actuellement -, ces sous-traitants qui fabriquent des pièces équipant tous les avions commerciaux prospèrent. L'an dernier, l'industrie aéronautique mexicaine a exporté pour un montant de 7 milliards de dollars de pièces détachées, soit presque trois fois plus qu'en 2009 (2,5 milliards de dollars).
Il n'est cependant pas facile de se faire une place dans ce secteur de haute technologie où règne une compétition internationale intense. "Les trois premières années j'ai beaucoup souffert", confie Arturo Avila, 51 ans, dans son usine fondée en 2012 dans l'État de Chihuahua, à la frontière américaine. Il se souvient du sourire compatissant d'un des responsables de l'entreprise Bombardier, déclinant son offre de collaboration faute d'un portefeuille de clients suffisamment garni. "Il faut être humble, très humble, pour comprendre qu'il s'agit d'une industrie très dure. Il faut gagner leur confiance", commente-t-il.
Aujourd'hui, il dirige une entreprise prospère de taille moyenne spécialisée dans la fabrication de pièces détachées pour les ailes d'avions. Son carnet de commandes est rempli jusqu'en 2034, et il emploiera bientôt 500 personnes après l'inauguration de sa nouvelle usine de Hermosillo, dans l'État voisin de Sonora. Parmi ses clients figurent des géants du secteur tels que les américains General Electric et Spirit Aerosystems.
Mais ce sont toutes les plus grandes entreprises du secteur aéronautique et de la défense qui opèrent désormais au Mexique, telles que Boeing, Airbus, Lockheed Martin, Safran, Eurocopter, BAE Systems.

Plus grosse inquiétude : l'Asie

Le Mexique a exporté 81,3 % de ces pièces aéronautiques vers les États-Unis en 2015 et 6,6 % vers le Canada. Entre 1999 et 2015, les investissements de ces deux pays ont représenté 81 % des 2,1 milliards de dollars investis dans ce secteur au Mexique.
En dépit des menaces que fait peser Trump sur l'Aléna, les entreprises aéronautiques ne semblent pas s'inquiéter outre mesure de la renégociation en cours. "Cela ne nous empêche pas de dormir", assure Arturo Avila.
La raison principale est que leurs prix resteront compétitifs, avec ou sans taxe douanières : un ouvrier mexicain gagne en moyenne 2,3 dollars de l'heure, près de dix fois moins qu'un ouvrier américain.  
Les entrepreneurs mexicains estiment également que leur industrie est trop globalisée et ses chaînes de fabrication trop intégrées pour que le secteur soit fortement affecté par l'Aléna.
Et puis la demande s'accroît. Depuis 2000, le secteur s'est accru de 15 % par an au Mexique. Des géants comme Airbus et Boeing estiment qu'il faudra construire entre 35.000 et 41.000 avions dans les vingt prochaines années.
"Les chaînes de fabrication des fournisseurs sont saturées, il y a des opportunités pour les fournisseurs qui possèdent le savoir-faire", commente Xavier Hurtado, de la Chambre mexicaine de l'industrie aéronautique.
Lors d'un récent sommet aéronautique à Queretaro, dans le centre du Mexique, juste avant la nouvelle ronde de négociations sur l'Aléna, les entrepreneurs du secteur ont exprimé d'autres inquiétudes.
Ces sous-traitants craignent avant tout la concurrence de l'Asie pour fournir leurs clients aux États-Unis.
"Nous avons besoin de prendre des mesures et de nous améliorer" en termes d'organisation, de procédures et de respect des engagements avec le client, analyse Xavier Hurtado.
Le directeur de l'approvisionnement du fabricant européen Airbus, Ruben Tauste, pense également que les entrepreneurs mexicains doivent moins se soucier de l'Aléna "que d'investir dans la recherche et développement, d'être capables de fabriquer des produits sophistiqués, comme des moteurs ou des systèmes de contrôle en vol".
Selon lui, "le Mexique devrait tenter d'être indépendant, de fabriquer ses propres produits, du début à la fin".

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