Nigeria : négociations entre gouvernement et rebelles

Après quelques semaines de relative accalmie et malgré des pourparlers engagés avec le gouvernement, les attaques menées depuis le début de l'année contre des pipelines dans le Sud du Nigeria n'ont pas cessé, menaçant de faire chuter à nouveau la production pétrolière. Le secrétaire d'État pour le Pétrole, Emmanuel Kachikwu, s'était voulu optimiste début novembre, assurant que la production était presque revenue à son niveau normal (2,1 millions de barils par jour), après près d'un an d'attaques dévastatrices. Mais les pourparlers, engagés après l'annonce du cessez-le-feu du principal groupe des Vengeurs du Delta du Niger (NDA) fin août, sont mouvementés. Les revendications des groupes rebelles opérant dans le Sud pétrolier sont multiples, allant d'un meilleur partage des revenus tirés de l'or noir à une autonomie politique régionale. De nouveaux sabotages ont d'ailleurs eu lieu quelques heures après une rencontre dans la capitale fédérale entre le président Muhammadu Buhari et des représentants des militants du Delta du Niger le 1er novembre. L'explosion de l'oléoduc de Trans-Forcado le même jour, quarante-huit heures après sa réouverture, a été une vraie provocation, laissant planer des doutes sur la capacité du gouvernement à pacifier la région. Le 5 novembre, le même pipeline a de nouveau été frappé, cette fois par le Mandat de justice des terres vertes du Delta (NDGJM), un groupe dissident qui a intensifié ses attaques ces derniers mois.
Mi-novembre, les NDA ont affirmé avoir fait sauter trois lignes d'approvisionnement dans l'État de Bayelsa, pour protester contre l'occupation militaire de la région par la marine nigériane. "Nous sommes déterminés à poursuivre cette guerre par tous les moyens nécessaires", ont-ils déclaré le 15 novembre. Ces attaques ont fait chuter la production pétrolière et entraîné une grave crise économique dans le pays.
En marge des négociations, l'armée nigériane a lancé en août l'opération "Crocodile Smile (sourire de crocodile)" afin de reprendre le contrôle sécuritaire du hub pétrolier de Warri (État du Delta). Mais, selon des leaders régionaux, cette présence militaire crée des tensions au sein de la population, coincée entre des militants violents et des soldats lourdement armés.

Invasions incessantes

Exaspérées par les violences, des femmes ont commencé à manifester leur colère. "Ils (les soldats) ont envahi la communauté d'Oporoza avec deux canonnières", a déclaré Godspower Gbenekama, de la communauté de Gbaramatu, près de Warri. Le président Buhari, musulman originaire du Nord, suscite une profonde méfiance dans cette région très pauvre et certains estiment être "punis" parce qu'ils n'ont pas voté pour le Congrès progressiste (ACP) du président Buhari en 2015. "Il n'y a aucune volonté d'arriver à quoi que ce soit avec cette supercherie qu'on appelle les pourparlers de paix", a déclaré un activiste du Delta du Niger, Annkio Briggs. "Le fait que le Delta du Niger n'ait pas voté pour l'ACP en 2015 était impardonnable et les gens sont punis aujourd'hui".
D'autres pensent que l'engagement de Muhammadu Buhari à mener des grands travaux (routes, ports, chemins de fer...) dans le Delta du Niger est une chimère dans le contexte de la crise économique. "Les troubles dans le Delta vont se poursuivre malgré les discussions en cours avec le gouvernement", estime Charles Swabey, analyste pétrole et gaz à BMI Research, selon qui la production pétrolière nigériane devrait atteindre les 2 millions de barils par jour en moyenne en 2017.
Les récentes attaques ont toutefois des conséquences plus limitées sur la production, qui a augmenté ce mois-ci, affirme Charles Swabey. L'objectif des militants "est de maintenir la pression sur les négociations, de montrer qu'ils ont la capacité de continuer". Affaibli par la vague d'attaques rebelles et par la chute des cours du baril, le géant ouest-africain qui tire 70 % de ses recettes du pétrole, est entré en récession en août.

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