Réunion de la dernière chance pour sortir la SNCM de la tourmente

Direction, syndicats et actionnaires de la SNCM se retrouvent mardi 28 octobre pour une réunion de la dernière chance afin de tenter de sortir la compagnie maritime de la tourmente, l'État et l'actionnaire majoritaire, Transdev, plaidant pour un redressement judiciaire rejeté par les syndicats.
Cette ultime réunion de conciliation, autour du médiateur Gilles Bélier, à la préfecture des Bouches-du-Rhône à Marseille, s'inscrit dans le processus qui avait permis, en juillet, de mettre fin à la grève qui avait paralysé durant dix-sept jours, en pleine saison touristique, le trafic de la Société nationale Corse-Méditerranée entre la Corse et le continent.
Lors des deux dernières réunions, mi-septembre et début octobre, la direction de la SNCM a présenté le redressement judiciaire comme une option privilégiée pour sortir de l'ornière la compagnie maritime, condamnée par Bruxelles à rembourser 440 millions d'euros. "Le spectre du redressement judiciaire est toujours d'actualité. Cela fait partie des problématiques que nous aurons à traiter dans les semaines et les mois qui viennent", avait déclaré en septembre Olivier Diehl, président du directoire de la compagnie détenue par l'État (25 %), Transdev (66 %) et les salariés (9 %).
Lors de la dernière réunion, la direction de la SNCM a présenté aux représentants des salariés un nouveau "schéma d’exploitation" prévoyant le maintien de 800 à 1.000 emplois sur un total de 2.000 dont 1.508 emplois CDI. "C'est la première fois qu'elle avance un chiffre, même s'il ne s'agit que d'un projet, indépendamment de celui d'un éventuel repreneur", avait réagi Maurice Perrin (CFE-CGC).
L'option du redressement judiciaire a la faveur de l'actionnaire de l'État et de Transdev qui plaide pour une mise en redressement judiciaire rapide afin, selon lui, de créer une nouvelle société financièrement saine et de s'affranchir des condamnations de Bruxelles. Transdev estime que cette solution permettrait de gommer un peu plus de 400 millions d'euros d'aides publiques que la Commission demande à la SNCM, déjà déficitaire (14 millions de pertes en 2012), de rembourser.

"Hérésie commerciale"

Mais l'analyse est vigoureusement contestée par les syndicats, qui estiment qu'une telle opération ne les prémunira contre des condamnations européennes mais permettra en revanche aux actionnaires de faire un plan social à moindre frais. "Sous prétexte du contentieux européen, la direction a présenté un schéma d’exploitation avec 800 à 1.000 emplois supprimés, et aucune garantie pour le personnel restant", avait déclaré début octobre Frédéric Alpozzo (CGT).
Pour la CFE-CGC, le redressement judiciaire est une "hérésie commerciale". Frédéric Alpozzo dénonce quant à lui "une faillite et un démantèlement organisés par l’actionnaire et par l’État au profit de Corsica Ferries", concurrent de la SNCM. Pour les syndicats, ce passage au tribunal risquerait par ailleurs de faire de perdre à la SNCM la délégation de service public vers la Corse, un marché de plus de 600 millions d'euros qui lui a été attribué jusqu'en 2022.
Le 4 septembre, la SNCM a subi un nouveau coup dur avec la confirmation par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) de la décision prise en première instance par le tribunal de l'UE en septembre 2012, de condamner la SNCM à rembourser 200 millions d'euros d'aides de l'État jugées illégales. La compagnie maritime reste en outre toujours sous la menace d'une obligation de rembourser également 220 millions d'euros reçus de l'État au titre de la délégation de service public pour la période 2007-2013. Dans ce second dossier, deux recours ont été déposés, l'un par l'État et l'autre par la SNCM. À ce jour, un seul repreneur potentiel, la société américaine Baja Ferries, s'est porté candidat à une reprise si la compagnie venait à être placée en redressement judiciaire.

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