Risque de submersion marine sur le littoral du Nord

Avec la montée des eaux due au réchauffement climatique, la zone de polders entre Calais, Saint-Omer et Dunkerque, située en dessous du niveau de la mer, est menacée à terme par la submersion marine. Le transfert de l'État aux collectivités de la gestion de ce risque inquiète les élus.
D'après la Direction régionale de l'environnement (Dreal), le littoral du Nord-Pas-de-Calais connaît en outre les plus forts taux d’érosion en France, reculant sur près de 60 % de son linéaire alors que plus de 400.000 personnes habitent sur les polders. Et deux communes sur trois ont fait l'objet d'un arrêté de catastrophe naturelle ces trente dernières années suite à une inondation.
Historiquement, l'État s'est toujours chargé de l'entretien du réseau des wateringues (appelées aussi watergang), cet ensemble d'ouvrages permettant de rejeter les eaux pluviales vers la mer et qui ont façonné au cours des siècles le paysage plat des Flandres et de l'Artois. Mais la Gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (Gemapi) va devenir désormais une compétence intercommunale, au grand dam de l'Association des maires de France (AMF).
"Gemapi, c'est comment l'État transfère aux collectivités locales la responsabilité de la gestion des inondations et de la submersion marine sans évidemment donner les moyens qui vont avec", souligne Patrice Vergriete, maire (divers gauche) de Dunkerque et président de la communauté urbaine.
"Si on n'avait pas les baisses de dotations comme aujourd'hui, pourquoi pas ? Mais là, on est dans un contexte où l'on a de moins en moins de moyens", s'inquiète l'élu. Une "taxe Gemapi", plafonnée à 40 euros par habitant et par an, pourra être levée par les intercommunalités afin de financer cet entretien estimé dans une fourchette de 2 à 3 millions d'euros par an par les élus du Dunkerquois. C'est pourquoi un syndicat mixte des communes de la zone doit voir le jour au 1er janvier 2016. Or, le réseau des wateringues (stations de pompage, écluses, vannes, clapets, siphons...) "n'est pas en bon état", s'alarme Didier Carême, maire écologiste de Grande-Synthe.
"C'est un problème à prendre à bras-le-corps", glisse-t-il, à moins de deux mois de la Conférence de Paris sur le climat (COP 21). Pour prévenir les risques, il propose d'installer, comme dans sa commune, "des watergang en ville, qui permettent de «tamponner» les arrivées d'eau".

1953 dans les mémoires

Car chaque année, "quand il y a des grosses marées et des grandes pluies, c'est l'inquiétude", ajoute le maire, rappelant "les événements de 1953". Cette année-là, une tempête d’une rare violence avait causé un rehaussement exceptionnel du niveau de la mer au Nord du détroit de Calais, provoquant un terrible bilan : destruction des digues le long de la côte néerlandaise, à l'est de l’Angleterre, dans les Flandres françaises et belges, plus de 3.000 morts aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne, 200.000 personnes évacuées et 160.000 hectares de terres inondées, de nombreux bâtiments détruits.
"Le jour où il y a une très grosse tempête et une montée des eaux comme ce que le dérèglement climatique induit, il y aura une rentrée de la mer dans la cuvette de Dunkerque", prévient Sandrine Rousseau, tête de liste EELV à l'élection régionale. "Si on regarde les cartes, la zone submersible est assez étendue et sur ce territoire, on a un problème puisqu'il y a beaucoup d'usines Seveso et aussi une centrale nucléaire qui est la plus grande d'Europe", à Gravelines, rappelle Mme Rousseau. Aux Moëres, bourg proche de la Belgique - "Altitude -2,5 m", y proclame un panneau -, le système des watringues et des digues a toujours protégé le village depuis sa création en 1626. Mais "l'évacuation des eaux dans la mer grâce aux pompages sera un peu plus compliquée si les niveaux montent car il y aura moins d'évacuation par gravitaire", c'est-à-dire du haut vers le bas, craint le maire, Hervé Laniez.

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