SNCM : l'État fait le choix de Transdev

Le conseil de surveillance de la SNCM, réuni lundi 12 mai à Marseille, n'a pas reconduit le directoire présidé par Marc Dufour, dont le plan de redressement était rejeté par le principal actionnaire, Transdev, mais soutenu par les syndicats qui crient à la trahison de l'État.
Le conseil de surveillance de la SNCM n'a pas reconduit le directoire et son président, Marc Dufour, lundi 12 mai. Les trois représentants de l'État se sont abstenus lors du vote, qui a rejeté par six voix contre cinq le renouvellement du mandat du directoire qui s'achevait fin mai. Un directoire que l'actionnaire majoritaire Transdev (66 %), filiale de Veolia et de la Caisse des dépôts, souhaitait remplacer. Le secrétariat d'État aux Transports précise que cette abstention n'est "ni un vote de défiance ni d'indifférence à l'égard du directoire sortant", mais il souligne qu'"il était important de mettre un terme à la quasi-paralysie qui menaçait la société". "Nous souhaitons permettre à la SNCM de se construire un avenir, qui ne soit ni la liquidation ni la fuite en avant", a assuré de son côté le PDG de Transdev, Jean-Marc Janaillac. Il a souhaité trouver une solution qui prenne en compte "la mission de continuité territoriale et la dimension sociale" de la compagnie maritime. Un nouveau conseil de surveillance se tiendra le 28 mai, afin de nommer un nouveau directoire.

Inquiétudes sur l'avenir de la compagnie

Le président sortant, Marc Dufour, s'est dit "inquiet sur l'avenir de la SNCM. Pour les syndicats, qui apportaient leur soutien à son plan de redressement, cette éviction est le signe d'une volonté de "démantèlement" de la compagnie de la part de l'État. "C'est un choix politique et économique du gouvernement pour faire place libre à Corsica Ferries (concurrent de la SNCM, NDLR)", a déclaré Frédéric Alpozzo, délégué CGT-Marins. Selon lui, le conseil de surveillance n'a "pas proposé de solution de financement pour les bateaux ni de mise en œuvre du plan industriel à long terme". Or "l'État a toutes les clés en main pour respecter ses engagements". La CGT a demandé un rendez-vous avec le Premier ministre et le secrétaire d'État aux Transports "dans les heures qui suivent". "Nous mettrons tous les moyens pour qu'il n'y ait aucun licenciement, a-t-il ajouté, précisant que des "actions particulières seront décidées" en fonction de la réponse du gouvernement.
"C'est du gâchis, c'est une trahison de l'État", a réagi Pierre Maupoint de Vandeul, pour la CFE-CGC. Pour son confrère de la CFE-CGC, Maurice Perrin, "le gouvernement va devoir rendre des comptes" : "Il est inconcevable qu'on soit à ce niveau d'incompétence politique", a-t-il dit. Les salariés "sont inquiets, l'État se déjuge au profit d'actionnaires qui veulent envoyer la SNCM et ses salariés au tribunal de commerce. Plus que jamais on va se mobiliser autour du projet", a ajouté Maurice Perrin.
Transdev rejette le plan Dufour voté à l'été 2013, qui comporte notamment la commande de quatre nouveaux navires. Il souhaite même se désengager de la compagnie, opératrice historique des lignes Corse-Continent, estimant ne "pas avoir les moyens de financer" son développement, ni les risques l'accompagnant.

Menace létale

De fait, la SNCM est sous le coup d'une condamnation de Bruxelles à rembourser deux fois 220 millions d'aides publiques, ce que Jean-Marc Janaillac considère comme "une menace létale". Antoine Frérot, PDG du coactionnaire de Transdev, Veolia, avait ainsi demandé une "mise sous protection du tribunal de commerce". Une position, également soutenue par le président de la Collectivité territoriale de Corse, Paul Giacobbi, qui conduirait l'entreprise à ne conserver que 500 salariés contre un peu plus de 2.000 actuellement.

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