SNCM : les salariés entérinent la reprise

Au lendemain d'un compromis obtenu dans la douleur, les salariés de la SNCM ont voté jeudi 10 juillet la reprise du travail, mais les syndicats exigent d'être reçus par Manuel Valls dans les heures qui viennent pour des "clarifications". Ce vote devait permettre, dès 19 heures, la reprise des traversées vers la Corse, dont l'économie a pâti du mouvement qui durait depuis dix-sept jours.
"Les marins suspendent le mouvement" et "la reprise sera effective à 19 heures", a indiqué le délégué de la CGT, Frédéric Alpozzo, à l'issue d'une assemblée générale à huis clos à laquelle ont assisté environ 200 marins sur le "Danielle-Casanova", l'un des navires de la compagnie maritime en difficulté. Les marins ont pris cette décision "à la quasi-unanimité", a expliqué Frédéric Alpozzo. Le mouvement ne "peut être que suspendu, tant que le gouvernement n'apporte pas de solution pérenne", a-t-il précisé. "Le préavis est retiré mais si d'ici décembre, aucune solution pérenne n'était trouvée, ce que nous ne souhaitons pas, il pourrait y avoir le dépôt d'un nouveau préavis", a-t-il prévenu. De son côté, le secrétaire général de la CGT, Jean-François Simmarano, a indiqué que les sédentaires avaient également décidé de reprendre le travail. En signe d'apaisement, les marins avaient levé dès mercredi 9 juillet le siège du "Kallisté", navire de La Méridionale bloqué à quai depuis une semaine par du personnel gréviste. Jeudi 10 juillet, le "Kallisté" a appareillé pour Toulon, où il devait récupérer du fret à destination de la Corse.
Après trois jours de grandes tensions de part et d'autre de la Méditerranée, les syndicats de la SNCM ont obtenu peu ou prou ce qu'ils souhaitaient. Eux qui avaient fait un pas en avant en acceptant l'idée d'"un nouveau plan" industriel avec la nouvelle direction mise en place par l'actionnaire majoritaire Transdev (66 %), synonyme de nouveau plan social, souhaitaient "un cadre sécurisé". En clair : pas de redressement judiciaire d'ici la fin de l'année, le temps de travailler sur le plan et de rechercher de nouveaux actionnaires. Ce compromis, sur la table dès lundi 7 juillet, n'a été adopté que mercredi 9 juillet, après de multiples interruptions de séances durant lesquelles les émissaires de Transdev contactaient leur direction. "Cette médiation aurait pu se tenir en une journée lundi, elle aurait pu se tenir bien avant même le début de la grève, durant les préavis", regrettait, amer, Pierre Maupoint de Vandeul, représentant de la CFE-CGC officiers. Il déplorait également la "terrible crise de confiance avec nos actionnaires (État et Transdev, NDLR) et avec le gouvernement" après les propos de Manuel Valls demandant la mise en redressement, en pleine tenue des négociations.

Soulagement en Corse

En attendant, les représentants du monde économique corse vont pouvoir pousser un "ouf" de soulagement avec la reprise des traversées de la SNCM, qui achemine la majorité du fret sur Marseille, grâce à ses ferries mixtes capables de charger un nombre important de camions. Depuis le début de la grève, ils ont manifesté leur colère à plusieurs reprises, avec des actions parfois violentes, comme la prise d'assaut du navire "Jean-Nicoli" à Porto-Vecchio la semaine dernière ou le saccage de l'agence SNCM de Bastia mercredi 9 juillet. L'économie corse est sérieusement affectée depuis le début de la grève. Des débuts de pénuries, sur certaines denrées, sont observées sur l'île, où l'essentiel de l'alimentation est importée et où la population triple en été avec les touristes. Une délégation de représentants des secteurs de l'industrie, du tourisme, des transports, de l'agriculture et de l'artisanat, a accepté d'être reçue à Matignon par Manuel Valls jeudi 10 juillet à 16 heures, après des propos jugés "apaisants". Cette grève "remet en cause la survie même de l'entreprise (SNCM) et la survie même de l'économie corse", avait dit Manuel Valls à l'Assemblée nationale, ajoutant entendre "l'exaspération des milieux économiques corses" auxquels il doit "parler des mesures de compensation". Cette rencontre à venir ajoutait à l'amertume mercredi soir des syndicats SNCM, qui déploraient que Manuel Valls "reçoivent ceux qui cassent" et pas "ceux qui défendent les emplois". Et, jeudi matin, juste avant les AG, Frédéric Alpozzo exigeait d'ailleurs que les organisations syndicales soient également reçues "dans les heures qui viennent" par le Premier ministre, pour obtenir "des clarifications".

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