Solar Impulse bientôt au-dessus du Pacifique

Dans son cockpit monoplace, sanglé dans un siège qui lui fera aussi office de lit, le pilote suisse André Borschberg va devoir affronter des conditions extrêmes pour réaliser l'exploit d'une traversée de l'océan Pacifique durant cinq jours et cinq nuits, avec le soleil pour toute source d'énergie. Chaque jour, il affrontera des altitudes himalayennes autour de 28.000 pieds (8.400 mètres) et des variations de température de 55 degrés dans la cabine non pressurisée de Solar Impulse 2. Le tout entrecoupé de brefs sommeils d'une vingtaine de minutes pour tenir sur une distance de 8.500 km, celle séparant Nankin, en Chine, de Hawaï, territoire américain. La date de départ, plusieurs fois repoussée en raison de conditions météo défavorables, n'a pas encore été annoncée. Exploit technologique et aéronautique, la traversée du Pacifique sera aussi la plus longue des douze étapes de ce tour du monde hors norme pour promouvoir l'énergie solaire et envoyer un message sur les énergies propres de l'avenir. Entamé en mars à Abu Dhabi, il comportait deux étapes en Chine, le plus gros pays pollueur de la planète.

L'Everest tous les jours

"Comment vais-je devoir vivre cinq jours dans cet environnement minuscule en grimpant l'Everest tous les jours, en passant de l'hiver à l'été chaque jour du fait des changements de température, en me reposant seulement 20 minutes chaque fois ?", demande André Borschberg. "C'est une belle occasion de me découvrir moi-même", dit-il. Pour ce défi, qu'il relève à 62 ans, pas de café prévu : "Cela aide quelques heures, mais ensuite, c'est négatif", dit-il lors d'une récente interview. Une panne grave en vol pourrait se conclure par un saut en parachute dans l'océan, à des centaines de kilomètres de tout secours. Aucun navire ne peut en effet suivre à la trace l'appareil, qui vole à une vitesse maximum de 90 km/h à basse altitude et de 140 km/h dans les couches supérieures. Mais l'hypothèse de sa propre disparition laisse de marbre cet ingénieur de formation : "Je ne vois pas cela comme risqué, parce que nous avons travaillé longtemps sur les différents problèmes", dit-il. "On a des systèmes redondants. Si nous perdons un moteur, on peut voler avec les trois autres, par exemple", explique-t-il.
"Dans le pire des cas, nous avons un parachute, un radeau de survie et on sait s'en servir. Évidemment, on espère qu'on aura pas à le faire". Plus longues que celles d'un Boeing 747, les ailes de Solar Impulse 2 sont tapissées de 17.000 cellules photovoltaïque fournissant l'électricité aux quatre moteurs à hélice et chargeant les batteries qui les alimentent durant la nuit. Pour ce grand saut au-dessus du Pacifique, l'équipe au sol a allégé l'appareil - il pèse 2,3 tonnes, le poids d'une grosse voiture - en enlevant deux roues latérales et les freins d'hélice.

Yoga en altitude

Pour Bertrand Piccard, le second pilote associé au projet - célèbre depuis son tour du monde en ballon de 1999 -, c'est la météo qui reste le principal défi de la traversée. "Si on rencontre du mauvais temps, on peut se retrouver à court d'énergie durant la nuit", a-t-il déclaré. L'autre défi pour le pilote, c'est évidemment le temps de repos. "Si le pilote automatique tombe en panne ou si vous avez beaucoup de turbulences et que vous devez piloter en manuel, ça sera extrêmement difficile", souligne l'aéronaute, qui prendra pour sa part les commandes entre Hawaï et Phoenix, en Arizona. Borschberg, entrepreneur et pilote de réserve dans l'armée de l'air suisse, avec vingt-trois ans d'expérience, respirera à haute altitude à travers un masque à oxygène et se nourrira de plats spécialement préparés. Son siège est équipé d'un dispositif de toilettes. Et pour évacuer le stress et l'épuisement de sa carcasse - il mesure 1,90 mètres - il compte sur le yoga. "Le yoga peut s'avérer extrêmement utile dans ce cockpit", dit-il. L'instructeur de yoga Sanjeev Bhanot, qui l'a préparé, confirme : "Je lui ai appris à respirer, je lui ai enseigné la méditation et des exercices de yoga. On travaille sur tout le corps. On travaille sur le mental. On travaille sur le moral". Reste un facteur qui résiste à toute préparation : "On a aussi besoin de la chance", glisse Bertrand Piccard.

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