Travail détaché : les routiers roumains et bulgares contre le "protectionnisme" français

Les transporteurs roumains et bulgares, dont les pays accueillent jeudi 24 et vendredi 25 août Emmanuel Macron, sont vent debout contre les efforts du président français pour réviser la directive européenne sur le travail détaché, qui selon eux menacerait leur activité.
"C'est du néo-protectionnisme", s'insurge Radu Dinescu, responsable de l'Union des transporteurs roumains (UNTRR).
Le chef d'État français entame mercredi 23 août en Autriche une mini-tournée en Europe centrale et orientale au cours de laquelle il plaidera notamment pour un durcissement de la réglementation contenue dans la directive. Paris, Berlin et Vienne accusent celle-ci de favoriser un contournement de leurs droits du travail.
Pour les quelque 200.000 routiers roumains et bulgares sillonnant les routes d'Europe, l'initiative fait peser un danger mortel sur leurs entreprises.
Alors que Bruxelles envisage de considérer les chauffeurs comme des travailleurs détachés, bénéficiant d'un salaire local, à partir de trois jours de travail par mois dans un pays, la France souhaite que le tarif s'applique dès le premier jour sur place.
"Considérer les chauffeurs internationaux bulgares comme des travailleurs détachés porte un grave coup aux entreprises de transport. Une telle mesure retire l'avantage concurrentiel que les transporteurs d'Europe centrale et orientale ont grâce à leur structure de dépenses différente", s'insurge Madleine Kavrakova, avocate de l'Union bulgare des transporteurs internationaux.
"Nous payons un chauffeur 50 euros par jour. Si nous devons le payer 80 euros comme en France, nous ferons faillite et nos camionneurs iront travailler ailleurs", renchérit Gueorgui Tsanov, directeur d'une entreprise bulgare de transport routier.
Malgré des progrès, la Roumanie et la Bulgarie demeurent les pays les plus pauvres du bloc européen, qu'elles ont rejoint en 2007.
Pour Radu Dinescu, "le salaire minimum roumain est proportionnel au niveau de développement du pays. Nous aimerions tous qu'il soit quatre fois plus élevé mais nous avons encore beaucoup de travail à faire pour combler cet écart".

"Deux poids, deux mesures"

Datant de 1996, la directive sur le détachement permet à une entreprise de l'UE d'envoyer temporairement dans d'autres pays de l'Union ses salariés en payant les cotisations sociales dans le pays d'origine.
Destiné à faciliter les échanges entre États au niveau de vie comparable, le système s'est cependant transformé en outil de dumping social depuis que l'UE s'est étendue, à partir de 2004, à des pays d'Europe centrale et orientale aux charges salariales beaucoup plus basses, selon les partisans d'une réforme.
Les opposants à celle-ci soulignent toutefois que les compagnies occidentales profitent pleinement du bas coût du travail payé à leurs partenaires bulgares et roumains, qui leur permet de maximiser leurs bénéfices.
Et ce, pas uniquement dans le domaine des transports : avec plusieurs dizaines de milliers de travailleurs détachés dans l'Ouest de l'Europe, le secteur roumain du bâtiment s'estime lui aussi directement visé.

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