Une grève des pilotes cloue au sol les avions de Lufthansa

Confrontée à la plus grande grève de son histoire, menée par ses pilotes, la compagnie aérienne allemande Lufthansa, a supprimé la quasi-totalité de ses vols mercredi 2, jeudi 3 et vendredi 4 avril, affectant plus de 400.000 passagers.
La grève de trois jours des pilotes cloue les avions de Lufthansa au sol. Cette grève, à l'initiative du puissant syndicat du secteur Cockpit, a contraint Lufthansa, son service de fret Lufthansa Cargo et sa filiale à bas prix Germanwings à annuler quelque 3.800 liaisons. Au total 425.000 passagers vont faire les frais de ces annulations, a calculé la première compagnie allemande, qui évalue le coût financier de la grève à un nombre "à deux chiffres en millions".
À l'aéroport de Francfort, le premier d'Allemagne et troisième européen, la situation restait calme, toutefois, et aucune queue n'encombrait les terminaux. Sur les panneaux d'affichage, les trois quarts des vols étaient annulés mais les passagers des liaisons maintenues prenaient leur avion normalement.
Lufthansa n'a pas ménagé ses efforts ces derniers jours pour éviter un chaos, informant les intéressés par texto et courriels à l'avance et leur proposant de voler avec d'autres compagnies ou d'utiliser le rail. Dès mardi 1er avril, une soixantaine de vols avaient en outre été annulés pour éviter que des passagers en transit ne se retrouvent coincés en Allemagne. "L'objectif était que les gens ne viennent pas pour rien à l'aéroport", a expliqué Barbara Schädler, directrice de la communication de Lufthansa.
Cette grève, la plus importante dans l'histoire de Lufthansa selon la presse allemande, tombe au plus mal pour la compagnie. Engagée dans un vaste plan de restructuration et bousculée par une concurrence de plus en plus féroce en Europe, celle-ci avait déjà dû annuler plus de 600 vols la semaine dernière en raison d'un débrayage des personnels au sol des principaux aéroports allemands, à l'appel cette fois du syndicat des services Verdi.

Malaise entre direction et pilotes

Sur fond de conflit sur les salaires et d'âge de départ à la retraite, Cockpit a appelé les pilotes de Lufthansa à cesser le travail de mardi 22 heures à vendredi minuit, promettant une forte mobilisation. Ils devaient manifester mercredi matin à l'aéroport de Francfort. Le syndicat, qui revendique 9.300 adhérents toutes compagnies confondues, n'en est pas à son coup d'essai. Depuis deux ans, il a multiplié les appel à la mobilisation, infligeant de lourdes pertes financières à la compagnie. Car le malaise dure de longue date entre Lufthansa et ses pilotes, longtemps habitués à être choyés, mais qui sont peu à peu devenus un frein à sa politique d'expansion et de chasse aux coûts. Le secrétaire général de Cockpit, Jörg Handwerg, estime dans les colonnes du quotidien régional "Neue Passauer Presse" mercredi que les débrayages sont "le seul moyen d'amener Lufthansa à un compromis" et qu'ils sont une conséquence directe de la "ligne agressive" adoptée par la compagnie.
Cette nouvelle mobilisation trouvait toutefois peu de soutien en Allemagne. "Avec un système de rémunération et de retraite confortable, vieux de 50 ans, le numéro un allemand de l'aérien s'éloigne de plus en plus des normes d'une branche dont la faiblesse des recettes est chronique et qui fait face à une concurrence mondiale féroce", estimait Ulrich Friese, éditorialiste pour le journal allemand "Frankfurter Allgemeine Zeitung". "Cette grève est complètement excessive, elle provoque d'immenses dégâts économiques pour l'industrie du tourisme ainsi que pour l'économie dans son ensemble", a dénoncé Stefan Vorndran, l'un des chefs de file de la fédération allemande des voyages (DRV). Le ministre des Transports, Alexander Dobrindt, a quant à lui déploré que "chaque jour de grève entrave la mobilité de centaines de milliers de personnes", dans un entretien au quotidien "Bild". Même à gauche les critiques sont vives, le député social-démocrate Klaus Barthel fustigeant un "mini-syndicat qui défend les intérêts d'un petit nombre aux dépens de beaucoup d'autres". Certains, notamment au sein du parti CDU de la chancelière Angela Merkel, réclament une modification du droit de grève afin d'éviter que les syndicats modestes en terme d'adhérents puissent continuer de paralyser le pays.

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