Vale entrevoit le bout du tunnel pour son usine calédonienne

"La courbe de montée en puissance est assez rassurante, on vise 37.000 tonnes de nickel en 2015". Patron de Vale en Nouvelle-Calédonie, Antonin Beurrier espère qu'après dix ans de déboires, l'usine du géant brésilien va enfin sortir du rouge.
Nommé à la tête de Vale-NC en novembre 2014, cet énarque a reçu la périlleuse mission d'amener le site industriel à l'équilibre d'exploitation en 2015 et de rétablir la confiance avec les populations locales, irritées par l'accumulation d'incidents techniques, les retards et l'explosion des coûts. "Nous sommes sur un chemin critique mais si nous atteignons les objectifs de production, on peut tendre vers l'équilibre d'exploitation. 2015 sera décisif", explique Antonin Beurrier, premier français à siéger au conseil de direction du groupe minier basé à Rio.

Premier producteur mondial de fer

Depuis le début de l'année, 10.000 tonnes d'oxyde de nickel et de NHC, un produit moins raffiné, ont été produites dans cette unité, dont la capacité nominale, programmée pour 2017, est de 54.000 tonnes annuelles. Sur les seize sites de la division Métaux de base de Vale, celui de Goro en Nouvelle-Calédonie, qui a déjà englouti plus de 7 milliards de dollars, est le seul à perdre de l'argent.
"Compte tenu du contexte mondial, où le prix du fer (dont Vale est le premier producteur mondial, NDLR) est passé de 100 dollars la tonne à moins de 50 dollars, Vale ne pourra indéfiniment nous soutenir", avertit Antonin Beurrier. Les cours actuels du nickel sont eux aussi en berne, au plus bas depuis six ans. Souhaitant mettre un frein aux nombreux abus sur ce chantier colossal, qui a injecté 350 milliards CFP dans l'économie locale (2,9 milliards euros) entre 2002 et 2012, il a organisé fin avril des états généraux de la sous-traitance. "Il y a des gains de productivité à faire. On veut diminuer nos coûts de 10 % cette année et encore de 10 % l'année prochaine", confie le dirigeant.

Priorité à la sécurité

Dans l'archipel français, qui détient un quart des ressources mondiales de nickel, indispensable à la fabrication d'acier inoxydable, l'usine de Vale est un long feuilleton d'incidents techniques et de coups de colère des écologistes et des populations locales. Le dernier accroc en date a eu lieu il y a un an : à la suite d'une erreur humaine, 100.000 litres d'une solution contenant de l'acide se sont déversés dans une rivière, déclenchant violentes manifestations et demande de fermeture définitive. Un incident similaire s'était produit en 2009, valant au géant brésilien une condamnation à 345.000 euros de dommages et intérêts.
Implantée en lisière d'une somptueuse baie du Grand Sud calédonien, dans une zone seulement peuplée quelques tribus kanakes, l'usine, classée Seveso II (à haut risque industriel), traite le minerai avec un procédé chimique à l'acide sulfurique. Au cours des douze derniers mois, 800 millions CFP (6,7 millions euros) ont été investis dans la sécurité. "Il y a une large amélioration au niveau des procédures et nous échangeons beaucoup avec la direction maintenant. On demeure toutefois vigilant pour que la production ne passe pas avant la sécurité", a déclaré Pierre Tuiteala, délégué du Soenc-Nickel (Syndicat des ouvriers et employés de Nouvelle-Calédonie). Le syndicaliste se dit toutefois "convaincu que le projet va fonctionner".
En Nouvelle-Calédonie, les milieux politiques et économiques l'espèrent ardemment alors qu'au nord de l'île, l'usine d'un autre géant de la mine, Glencore, traverse une mauvaise passe. En raison d'un défaut de conception des fours, la montée en puissance de la production a été interrompue, avec un objectif de seulement 14.000 tonnes en 2015. Mi-juin, les actionnaires de Glencore doivent décider des conditions de la poursuite du projet dont les coûts se sont envolés.

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