Bourbon, cédé à des banques

 

Par un jugement en date de ce 23 décembre, le tribunal de commerce de Marseille a acté la cession des actifs de Bourbon Corp. à la Société phocéenne de participations (SPP), société détenue par les établissements bancaires créanciers. Le transfert de propriété sera effectif à compter du 2 janvier 2020.

L’issue concernant la reprise du groupe de services maritimes marseillais, dont les entités Bourbon Corp. et Bourbon Maritime (8 250 emplois dont 1 250 en France) étaient en redressement judiciaire depuis août, laissait peu de place au doute. Elle a néanmoins un goût amer pour Jacques de Chateauvieux, l’actionnaire historique et homme-orchestre de la construction en deux décennies d’un groupe international positionné sur les services maritimes à l’offshore pétrolier. Son offre de reprise, présentée au nom de la société JS & Co, n’a pas pu être examinée. L’un des créanciers, la société chinoise ICBC Financial Leasing, qui soutenait une proposition concurrente, portée par la Société phocéenne de participations (SPP), sans en être partie prenante, avait refusé de discuter avec Jacques de Chateauvieux. Or son accord constituait une condition suspensive de son offre.

 Une offre de reprise se différencie

Perte pour les actionnaires

BNP Paribas, Caisse régionale de Crédit Agricole Mutuel Alpes Provence, Caisse régionale de Crédit Agricole Mutuel de Paris et d’Ile de France, CM-CIC Investissement SCR, Crédit Lyonnais, Natixis et Société Générale, fédérés au sein de la Société phocéenne de participations (SPP), emportent donc le groupe. Ils détenaient ensemble les deux tiers de la dette estimée à 2,7 Md€.

Le tribunal de commerce de Marseille avait examiné le 10 décembre les trois offres déposées. Celle de SPP, qui proposait de reprendre la totalité des actifs, se distinguait nettement. Le jugement avait alors été mis en délibéré au 23 décembre. Le contenu de leur proposition fait état d’une conversion en capital d’environ 1,4 Md€ de dettes et de 300 M€ de dettes en obligations. L’offre intègre en outre 150 M€ d’apport en cash dont 30 M€ déblocables dès la réalisation du transfert de propriété pour faire face aux besoins de liquidité immédiats. Selon les plans, la société devrait être liquidée, conduisant à une perte totale pour les actionnaires et les obligataires notamment.

En termes de gouvernance, la nouvelle entité serait dotée d’un conseil de surveillance, « composé de membres nommés par les actionnaires et de personnalités indépendantes du secteur », tandis que le directoire serait conduit par Gaël Bodénès et Thierry Hochoa. Le premier est actuellement directeur général délégué du groupe, ingénieur naval de formation, dans l’entreprise depuis 2002 et à la direction du groupe depuis septembre 2017, sous la présidence de Jacques de Chateauvieux, alors président du conseil d’administration. Thierry Hochoa a rejoint le groupe en août 2018 pour assumer la direction générale adjoint en charge des Finances et en tant que tel, a été chargé de piloter le projet de structuration financière des trois sociétés autonomes (Bourbon Marine & Logistics ; Bourbon Mobility ; Bourbon Subsea Services) créées dans le cadre du plan « Bourbon In Motion ».

Implantations de Bourbon

Innovations technologiques à la rescousse

Depuis 2015, le groupe, coté en bourse est confronté à une violente contraction du marché des services offshore consécutive à la chute du cours du brent en 2014. En réaction, la société marseillaise avait lancé, en février 2018, son plan « Bourbon in motion ». Représentant un investissement total de 75 M€ sur trois ans, il doit faire évoluer ses business models vers plus de services (logistique intégrée, projets clés en main, tels que l’installation de parcs éoliens) tout en réduisant ses coûts et retrouver une agilité financière, notamment par la cession d’actifs non stratégiques. En s’appuyant sur des innovations technologiques (positionnement dynamique, maintenance prédictive, équipements surveillés en continu….), Bourbon promet notamment de réduire les coûts d’exploitation de 25 %. Le programme Smart Shipping, qui connectera plus de 130 navires à l’horizon 2022, doit servir cet objectif.

À l'issue de son 3e trimestre, le groupe avait publié un chiffre d'affaires de 177,7 M€ en baisse de 3,2 % (hors variation à taux de change constants) par rapport au trimestre précédent mais en hausse sur un an. La demande mondiale de pétrole reste grippée, signifiait le groupe, avec une forte volatilité du prix du baril (qui oscille cependant entre 63 et 62 % depuis le début de l'année contre 75 $ en glissement annuel).

À sa dernière cotation le 8 octobre dernier, avant la suspension du titre de façon à laisser libre cours à la procédure, le groupe était valorisé à 285 M€. 

Adeline Descamps

 

 

 

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