« L’épopée d’un camionneur », un livre sur le chemin du pardon

Les aires d'autoroute où le lecteur va retrouver Zacharie à de multiples reprises (photo d'illustration).

Crédit photo Christophe Barette
Olivier Risser est professeur de français dans un collège du Morbihan. Il publie son troisième livre, « L’épopée d’un camionneur » après deux œuvres consacrées à Etty Hillesum, une jeune femme déportée à Auschwitz. Dans cette épopée, l’auteur plonge le lecteur dans l'univers de Zacharie, conducteur chez le transporteur Hauteclair. Un chauffeur en plein divorce… Olivier Risser nous présente ce récit.

Olivier Risser, professeur de français et auteur de "L'épopée d'un camionneur".
Crédit photo : DR

Comment est né votre personnage ? 

J’avais besoin d’un personnage qui transporte un poids. L’idée du poids lourd m’est arrivée rapidement comme une sorte de métaphore. J’avais besoin d’un personnage qui soit seul, un peu en déroute. Comme je fais un peu de route pour me rendre au collège, je croise beaucoup de camions. C’est une profession qui m’interpelle. Présenter un personnage avec une obligation de conduite même en souffrance, c’est une trame narrative qui me paraissait intéressante.

Comment vous êtes-vous immergé dans l'univers routier ?

Par souci de vraisemblance, je me suis renseigné sur cet univers, sur le métier de conducteur. Je me suis rapproché de routiers, j’en ai interviewé. J’ai noué une relation épistolaire avec un routier, qui m’a fourni beaucoup de renseignements. Au fur et à mesure, ce métier m’a de plus en plus passionné. J’ai également lu des livres sur les routiers. J’ai voulu rendre hommage à ce métier, ce qui n'était pas prévu au départ.

En quelques mots, présentez-nous cette histoire...

Un camionneur part le dimanche soir, nous ne savons pas grand-chose sur lui, si ce n’est qu’il se parle à lui-même. Il est dans l'amertume, nous ne savons pas pourquoi. Nous apprenons qu’il est en instance de divorce, qu’il reçoit des SMS de sa fille, auxquels il ne parvient pas à répondre. Il doit livrer quelque part, mais nous ne connaissons pas exactement son plan de route. Nous retrouvons Zacharie (le routier) sur des aires d’autoroute...

Au fil des pages vous nous faites découvrir Laetitia, la fille de Zacharie, qui s'est réfugiée dans la poésie...

Elle est lycéenne, c’est pour elle une découverte. Elle s’est réfugiée dans la poésie pour échapper à ce qui se passe au domicile familial, la « maison tremblement », mais aussi pour s’adresser à son père. Au fil des pages, son père finit par aimer cette poésie, c’est la fille qui éduque le père. Dans ses messages remplis de poèmes, il y a des appels d’amour, et aussi un soutien.

La femme de Zacharie n'a pas de prénom ?

C’est le seul personnage qui n’est pas nommé. Cette femme, nous allons la retrouver seulement deux fois, toujours dans l’entrebâillement d’une porte. Elle n’est pas nommée, mais elle est présente pendant tout le récit. Elle est là sans être là. Zacharie ne veut plus prononcer son prénom, il y a peut-être une présence angélique…

La rencontre avec Macaire, ce routier à la retraite, est un tournant du récit.

D’autant que Zacharie, jusqu’à la dernière seconde, hésite à manger au restauroute où se trouve Macaire. Il va se retrouver à la table de Macaire, ce vieux routard va lui conter quelques histoires, comme celui du caravansérail (endroit dans le désert où les caravanes s’arrêtent pour se restaurer ou se reposer). Zacharie n’est-il pas en train de traverser son désert ?

« L’épopée d’un camionneur » transporte le lecteur dans la vie d’un routier. Un livre à retrouver dans toutes les bonnes librairies ou sur les plateformes. Bonne lecture.

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"L'Épopée d'un camionneur" aux Éditions Médiaspaul.
Crédit photo : Médiaspaul

Extrait :

« Le chronotachygraphe – d’apparence inoffensive, le chronotachygraphe est un cyclope taiseux dont la mémoire phénoménale le rend capable de tout rapporter dès qu’on l’interroge – auquel rien n’échappait rappellerait bientôt l’obligation de s’arrêter sur une aire pour y dépenser les quarante-cinq minutes d’une pause réglementaire. Sous cet angle, un routier n’est jamais vraiment seul. Il a face à lui, niché dans le secret du tableau de bord, un œil caché, qui sait tout des mouvements de son camion. Un œil-rapporteur, en définitive. Les gars du métier l’appellent « le mouchard ». Certains de ceux-là ont connu, paraît-il, meilleure époque où l’on se contentait d’un système analogique et de son petit rond de papier blanc, moins sourcilleux et bien moins malin, qu’on pouvait trafiquer et qui, en y jetant un coup d’œil rapide, pouvait passer pour une carte des constellations. Un routier n’est plus un homme qui peut s’arrêter quand bon lui semble. À vrai dire, il le peut, mais il aura probablement à répondre de cette pause. Un routier, c’est un homme qui, jeune, a rêvé de la belle solitude sous la Grande Ourse, mais qui se retrouve seul aux prises avec un matériel d’une électronique inexorable, à coup sûr plus aguerri que lui et par nature soupçonneux. Un routier sait qu’il peut s’arrêter quand bon lui semble, mais il doit savoir aussi qu’il lui sera demandé de se justifier. Tôt ou tard, l’appareil aura le dernier mot ».

« L’épopée d’un camionneur », par Olivier Risser ; éditions Médiaspaul ; prix : 18 euros.

 

 

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