Douala : L'autorité portuaire contrainte par un « ordre de la présidence » de suspendre l'attribution de la concession

 

Le port autonome de Douala devait signer le 31 octobre le contrat de concession du terminal à conteneurs attribué mi-septembre à l'l'italo-suisse Til (MSC), après une longue procédure à l'issue de laquelle des candidats ont émergé et se sont retirés. Il se voit contraint par la présidence de l'État camerounais de suspendre l'attribution du contrat dans l'attente des décisions du tribunal administratif, saisi par le groupe français Bolloré, actuel concessionnaire évincé très rapidement de la consultation.

La signature du contrat, le 31 octobre, devait ponctuer la fin d’un processus jalonné d’inattendus. Le dénouement devra sans doute attendre encore un peu. Dans un courrier « confidentiel et très urgent » adressé au directeur général du port autonome de Douala, en date du 23 octobre, le secrétariat général de la présidence du Cameroun, Ferdinand Ngoh Ngoh, demande la suspension de la finalisation du contrat – « sur ordre du président de la République » – dans l'attente des « conclusions définitives » du tribunal administratif, saisi par Bolloré. C'est l'énième épisode dans un conflit qui oppose l'autorité portuaire et le concessionnaire du terminal à conteneurs depuis 2005, la société de droit camerounais Douala International Terminal (DIT) joint-venture entre le groupe français Bolloré et APM Terminals (groupe A.P. Møller-Mærsk). Le 16 septembre, l'autorité portuaire de Douala annonçait que la concession du terminal à conteneurs de Douala-Bonaberi, dont le contrat expire en décembre 2019, était attribué à l'italo-suisse Til, société contrôlée à 65 % par MSC et à 35 % par le fonds d'investissement Global Infrastructure Partners.

Pour avoir été évincé très rapidement de la sélection, le groupe Bolloré, gestionnaire d’une petite vingtaine de ports en Afrique, a porté assez rapidement le dossier sur le plan judiciaire. Le 16 août, il obtenait du tribunal administratif de Douala un sursis, permettant de suspendre la consultation en cours, auquel le Port autonome de Douala rétorque par un pourvoi tout en poursuivant la consultation en cours, s’exposant ainsi au risque de l’illégalité.

Influence 

Certains ont eu tôt fait de noter que la lettre a été envoyée alors que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, était en visite au Cameroun pour inaugurer le deuxième pont sur la rivière Youri à Douala, financé par des fonds de développement français. Il y a notamment rencontré le chef de l'État camerounais, Paul Biya, lequel est aussi attendu en France début novembre en France pour le Forum de Paris sur la paix. Lors de sa visite, le représentant du Quai d'Orsay se serait érigé en avocat de la cause des entreprises françaises, évoquant les difficultés administratives auxquelles elles sont confrontées. 

Le port de Douala est la porte d'entrée de marchandises d’Afrique centrale pour alimenter le Tchad et la Centrafrique, pays voisins enclavés et sans accès à la mer. Si la suspension s’éternise au-delà du 31 décembre, date de l’échéance de l’actuelle concession, la direction portuaire se verra dans l’obligation de prolonger le contrat de Bolloré, à moins qu’elle ne soit en mesure de l’opérer en direct.

Adeline Descamps


 

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