Covid-19 : Le ferry se met en règle avec les restrictions

 

Les compagnies opérant dans le transport de passagers annoncent tour à tour des mesures de restrictions ou suppressions de services, respectant les recommandations prises ici et là pour contribuer à limiter la propagation du virus covid-19.

Les opérateurs du transport de passagers n’ont pas tardé à faire connaître leur programme pour se mettre d’équerre par rapport aux mesures et autres interdictions prises par les États pour limiter la propagation de l’épidémie. Depuis que l’OMI a classée, le 11 mars, l’épidémie en urgence de santé publique de portée internationale, les pays restreignent les libertés de circuler. 

En France, un arrêté ministériel en date du 13 mars interdit jusqu'au 15 avril 2020 toute activité mettant en présence de manière simultanée plus de 100 personnes en milieu clos ou ouvert. Son article 2 vise directement les paquebots et navires à passagers transportant plus de 100 passagers. Il leur interdit notamment de « faire escale en Corse, de faire escale ou de mouiller dans les eaux intérieures et territoriales des départements et régions d’outre-mer ainsi que Saint-Barthélemy et Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon et Wallis et Futuna, sauf dérogation ». La décision est motivée par « le caractère insulaire de ces territoires et la difficulté majeure à laquelle leur système sanitaire serait confronté en cas de propagation brutale du virus par des passagers ». Un arrêté étonnant compte tenu du principe de continuité territoriale.

Les préfets de la Corse du Sud et de la Haute-Corse, représentants de l’État français, ont réagi à cet arrêté ministériel par deux arrêtés préfectoraux (sic) autorisant les navires passagers effectuant des « lignes régulières et habituelles entre la Corse et le continent » à continuer de transporter plus de 100 personnes. Leurs dérogations se justifient « au titre de la continuité territoriale entre la Corse et le continent européen, tant pour l'approvisionnement en fret que le transport de passagers entre les ports de Corse et les ports français et italiens ». Les textes stipulent  que « l'organisation des liaisons maritimes assurant cette fonction, avec un nombre limité de liaisons, nécessite de pouvoir préserver des capacités de transport supérieures à 100 passagers, sur certaines lignes à certains moments ». Cela n’affranchit pas les compagnies de respecter strictement les « consignes sanitaires de protection des passagers », est-il précisé.

La compagnie, qui opère en DSP la desserte maritime de la corse au départ du continent, Corsica Linea, indiquait pour sa part, par un communiqué en date du 14 mars, un dispositif resserré, effectif le lundi 16 mars, avec la limitation à 150 passagers par traversée et à 60 dans les espaces restaurants et bars. Elle ne prendra plus de passagers ayant opté pour un voyage « sans installation » ou « salon fauteuil », afin d'assurer une navigation avec uniquement des personnes dans des cabines.

Le Pont-Aven, pas programmé avant le 10 avril

Brittany Ferries a également annoncé, dès le 15 mars, des aménagements dans ses rotations avec notamment des changements d’horaires, qui « ont pour objectif de s'assurer de la disponibilité d'un nombre suffisant d'équipages pour assurer les services de remplacement ». La compagnie bretonne, opérant au 12 routes maritimes desservies entre la France de l’Ouest, le Royaume Uni, l’Irlande et l’Espagne, est aussi impactée par la situation ibérique, où l’état d’alerte a été décrétée en Espagne et au Portugal depuis le 14 mars. La liaison assurée par l’Étretat entre Le Havre et Portsmouth sera suspendue à partir du mardi 17 mars après son accostage au Havre. Le Pont-Aven, qui devait reprendre ses rotations (Portsmouth-Santander-Plymouth-Roscoff-Cork) le 17 mars à la suite de son arrêt technique, n’est pas programmé avant le 10 avril. 

Ce 16 mars, la société de Roscoff a annoncé de nouvelles suspensions de services : le dernier départ de son Barfleur entre Cherbourg et Poole a eu lieu ce 16 mars et sera suspendu au moins jusqu’au 23 mars. A compter du 17 mars, le Bretagne  n’assurera plus la desserte de Portsmouth au départ de Saint-Malo. La liaison Roscoff-Plymouth par l’Armorique sera également suspendue le 18 mars et ce, au moins jusqu’au 26 mars. 

À cette heure, la ligne Caen-Portsmouth, opérée par les navires Normandie et Mont Saint-Michel, est maintenue pour les passagers et le transport de fret. Seul le transport de fret sera assuré avec le Kerry sur la ligne Rosslare/Bilbao à raison de deux rotations hebdomadaires. Le service exclusivement dédié au fret sur le Pelican, entre Bilbao et Poole, n’embarquera que des remorques non accompagnées, précise encore la compagnie. « Les équipes chargées des relations avec la clientèle seront extrêmement impliquées dans la gestion des annulations et propositions d'alternatives, prévient d’emblée la compagnie, « des délais de réponse plus longs sont à prévoir tant via les centres d'appels que sur les réseaux sociaux ». Ces changements seront valables jusqu'au 9 avril 2020.

Passagers limités chez DFDS

Également opérateur du transmanche, le Danois DFDS* (70 navires, 5,1 millions de passagers transportés, 41,3 millions de mètres linéaires de fret en 2019), qui avait dû annuler son assemblée générale annuelle prévue le 18 mars pour suivre les restrictions du gouvernement danois, maintient pour l’heure la plupart de ses lignes de ferry en Europe ainsi que les horaires mais en limitant le nombre de passagers embarqués. Le Scandinave a toutefois suspendu, dès le 15 mars, son service Copenhague - Oslo jusqu'au 1er avril et offre la possibilité de modifier et /ou reporter tout projet de voyage sans incidence financière. 

Le Danemark a pour sa part fermé les frontières aux personnes. Seul le fret peut encore y entrer. De même pour la Lituanie, que la compagnie dessert également. Pour la France, DFDS, qui opère les lignes Douvres-Dunkerque, Douvres-Calais et Newhaven-Dieppe, indique que ses ferries « continueront de naviguer avec d'importantes mesures de sécurité déjà mises en œuvre ». L'armateur ne fait pas part de ses décisions concernant la méditerranée. Il opère entre la Turquie et l’Europe du Sud via sa filiale turque UN Ro-Ro, acquise en juin 2018. Quatre ports sont concernés par son trafic méditerranéen : Istanbul et Yalova en Turquie, Trieste en Italie et Sète en France.

Condor Ferries a littéralement abandonné le transport de passagers pour se concentrer uniquement sur un service de fret exclusif sur le Commodore Clipper desservant les îles anglo-normandes à partir de Portsmouth, afin d’assurer une continuité de service « essentiel » vers l'île. Les passagers et véhicules personnels, qui devaient embarquer à bord du Commodore Clipper ont été transférés sur deux autres navires de Condor desservant les îles Anglo-Normandes à partir de Poole.

Le géant européen du ferry Stena, aux positions en mer d’Irlande, entre Pays-Bas et Grande-Bretagne et autour de la Suède, a limité son trafic de passagers dès le 14 mars vers le Danemark et la Pologne, les autorités de ces pays ayant annoncé le 13 mars une fermeture temporaire de leurs frontières. Cette mesure s'applique notamment à ses liaisons entre Göteborg-Frederikshavn, Halmstad-Grenaa et Karlskrona-Gdynia. Le fret n’est pas concerné, mais il ne doit pas être accompagné de préférence (la compagnie se réserve le droit de refuser les chauffeurs à bord). Le transporteur suédois a également suspendu sa liaison entre Oslo et Frederikshavn.

Les États se barricadent

La liste des États fermant ou restreignant leurs accès aériens et/ou maritimes s’allonge de jour en jour, notamment pour les ressortissants européens, l’OMS ayant déclaré l’Europe comme le nouvel « épicentre » de la maladie. Troisième territoire infectieux, la France est plus particulièrement visée. Outre les États-Unis, qui ne font jamais dans le demi-mesure, les Français sont persona non grata au Danemark, au Guatemala, en Israël, au Liban, en Jordanie, à Singapour, en Nouvelle-Zélande, Oman, Ukraine et au Qatar. Une mesure qui impacte les croisières.

Alors même qu’il est encore relativement préservé, le Maroc a suspendu ses liaisons maritimes vers la France, précisant que l'accès à tous les ports marocains sur la Méditerranée et l'Atlantique est « temporairement fermé à tous les navires de plaisance, de croisière et de passagers ». Seul les ensembles routiers, y compris accompagnés, sont autorisés à accoster.

La Russie a fermé aux étrangers sa frontière terrestre avec la Pologne et la Norvège. Les autorités allemandes vont de mème ce 16 mars avec la France, la Suisse et l’Autriche mais cette disposition ne concernera pas le transport de marchandises et fera une exception pour les travailleurs transfrontaliers. Le président français Emmanuel Macron avait proposé le 13 mars à l’UE la mise en place de contrôles renforcés aux frontières autour de l’espace Schengen – 26 pays européens membres ou non de l’UE – voire de les fermer dans des zones à risques.

Adeline Descamps

*ACTUALISATION LE 16 MARS : Le DFDS a renvoyé chez eux quelque 600 de ses employés, qui seront couverts par le nouveau plan d'aide aux entreprises du gouvernement danois, a annoncé le PDG Torben Carlsen dans un entretien au média ShippingWatch.  


 

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