Le carnet de commandes de porte-conteneurs, considéré en pourcentage de la flotte mondiale, a atteint en juillet un creux historique. Selon les données d'Alphaliner, le ratio carnet de commandes/flotte n'est plus que de 9,4 %, soit 2,21 MEVP.
Pour la première fois depuis plus de vingt ans, la part des commandes dans le total de la flotte est passée sous le seuil des 10 %. « Si la baisse du ratio au cours de la dernière décennie était principalement liée à un effet statistique dans la mesure où la flotte mondiale est en constante augmentation, la situation a fondamentalement changé ces dernières années », souligne Alphaliner.
Pour le spécialiste de la ligne régulière, les commandes de porte-conteneurs ont continué d'affluer durant les six premières années qui ont suivi les récessions de 2008 et 2009, avant de se stabiliser autour de 4 MEVP. « À l'époque, de nombreux propriétaires et exploitants de porte-conteneurs croyaient encore à une reprise relativement rapide de l'économie mondiale et ont tenté d'investir de manière anticyclique pour profiter des prix attractifs des nouvelles constructions. »
Depuis lors, le carnet de commandes est passé de 3,55 à 2,84 MEVP entre les mois de juillet 2016 et 2018, et il s'est encore érodé pour atteindre son plus bas niveau actuel de 2,21 MEVP. Ce qui tendrait à prouver que le Covid et ses effets sur la demande de transport ne sont pas les seuls responsables de l’asséchement des commandes.
Le démantèlement de porte-conteneurs atteint un pic en juillet
Meilleur équilibre entre l’offre et la demande
Avec si peu de nouvelles constructions, la flotte de porte-conteneurs se rapproche d'un meilleur équilibre entre l'offre et la demande, surtout avec la reprise du volume de démolition. La mise au rebut de porte-conteneurs a atteint en juillet un record de 41 unités, avec 52 800 EVP, dépassant ainsi les 50 500 EVP envoyés à la casse en juin. Au cours des sept premiers mois de l'année, 152 800 EVP ont été démantelés, soit une augmentation de 26,3 % par rapport à la même période de l'année dernière, selon les données publiées par l’association internationale des armateurs et propriétaires de flotte, le Bimco.
Des contrastes selon les tailles
Les méga commandes de CMA CGM avec ses neuf navires de 23 112 EVP au GNL, contractées auprès du géant chinois de la construction navale CSSC en septembre 2017, et celles de la sud-coréenne HMM de 12 navires de 23 900 EVP passées aux constructeurs sud-coréens SHI et DSME en septembre 2018, n'ont pas pu inverser la tendance générale.
Le carnet de commandes actuel présente en outre des failles dans certaines catégories de navires : aucune commande n’a été enregistrée dans la gamme des 4 000 à 9 999 EVP, à l'exception de deux sisterships de 5 295 EVP mais qui figurent dans le carnet de Zhejiang Oahu, un chantier naval qui a fait faillite en 2018.
Les commandes de navires au plus bas
Projets en suspens ou annulés
Pour autant, le Covid a sapé la confiance et dissuadé certaines compagnies. Les transporteurs allemand Hapag-Lloyd et japonais ONE envisageaient des projets de plus de 23 000 EVP l'année dernière. Projets mis en sommeil par Hapag-Lloyd.
« En outre, il se pourrait bien des commandes en petit nombre, qui ont été signées et annoncées (ou du moins signalées), soient discrètement abandonnées, renégociées ou reportées à un stade ultérieur. Cela pourrait signifier que le carnet de commandes du monde réel est en fait encore plus mince que sur le papier », ajoute Alphaliner.
En conséquence, les délais de livraison des porte-conteneurs vont sans doute être revus. « Les propriétaires de flotte qui s'engageraient à construire de nouveaux navires dans les prochaines semaines pourraient être livrés dès le début de l'année 2022. » Mais qui s'engagerait dans de telles conditions de marché ?
La rédaction
L’absence de commandes touche tous les navires
Les nouvelles commandes de navires, tous types confondus, ont diminué de 57 % au cours du premier semestre, selon les données de Clarksons Research Services. Seuls 269 navires – soit l'équivalent de 5,75 millions de tbc – ont été commandés au cours des six premiers mois dans le monde. Un rapport du Danish Ship Finance publié en mai dernier indiquait qu'il y aura plus de 200 fermetures de chantiers navals dans les mois et années à venir. La moitié des entreprises de construction navale n'auraient pas enregistré de nouvelles commandes depuis 2018. La capacité totale des chantiers navals s'élèverait aujourd’hui à 56 millions de tbc répartis entre 281 chantiers. Depuis 2013, plus de 240 sites d'une capacité totale de 16 millions de tbc ont tiré le rideau, toujours selon Clarksons
