Un accident qui risque de raviver les tensions sur la Lagune

 

Le paquebot MSC Opera a heurté ce dimanche 2 juin vers 8h30 à Venise un quai puis le bateau touristique River Countess à son arrivée. Il a fait quatre blessés à bord du bateau touristique. Il risque de raviver les controverses eu égard aux pressions exercées par le passage des navires sur la lagune, inscrite au patrimoine de l’UNESCO, mais à l'écosystème et fondations fragilisés. 

« Le paquebot a eu une panne de moteur, ce qui a été immédiatement signalé au capitaine », a déclaré à des médias italiens Davide Calderan, responsable de la compagnie de remorqueurs chargée d’accompagner le navire jusqu’à sa place à quai. « Le moteur était bloqué avec la commande de poussée, parce que la vitesse augmentait ». Les deux remorqueurs chargés de guider le bateau dans le canal ont tenté de le ralentir mais l’une des chaînes les reliant au navire géant a sauté sous la pression, selon ce responsable. L'armateur italo-suisse évoque un « incident technique » dans l'attente des conclusions des « investigations en cours ».

Construit par les Chantiers de l’Atlantique (Naval Group) de Saint-Nazaire, le MSC Opera (classe Armonia/Lirica) de 275 m de long peut transporter jusqu'à 2 679 passagers. Le paquebot aurait déjà connu par le passé une panne de moteur similaire, rapportent les agences de presse, notamment en mai 2011 lors d’une croisière en mer Baltique à destination de Saint-Pétersbourg. Il avait alors dû débarquer les 1 800 passagers à Stockholm. Le River Countess (10 m de long, capacité de 132 passagers) est sorti en 2003 du chantier néerlandais De Hoop et est exploité au départ de Venise par la compagnie américaine Uniworld River Cruises.

« Ce qui s’est passé dans le port de Venise est une confirmation de ce que nous disons depuis un certain temps, a posté sur les réseaux sociaux le ministre italien de l’environnement, Sergio Costa. Les paquebots de croisière ne doivent pas naviguer le long de la Giudecca. Nous travaillons à les déplacer depuis plusieurs mois (…) et nous sommes proches d’une solution. » « À partir de demain nous devons bouger, tous ensemble et aussi vite que possible, pour résoudre le problème du trafic des bateaux de croisière », a réagi Pino Musolino, de l’Autorité portuaire du nord de la mer Adriatique.

Le navire de croisière MSC Opera a heurté ce dimanche 2 juin un bateau touristique à quai, manifestement hors contrôle (vidéo amateur).

Tensions

Les tensions à ce sujet sont chroniques. En octobre dernier, le ministre de la Culture italien, Alberto Bonisoli, annonçait l'interdiction des grands navires de croisière dans la lagune de Venise dans un « post » sur Facebook, relayé par le ministre italien des Transports, Danilo Toninelli. Il évoquait vouloir mettre sous « protection historique certaines voies navigables urbaines, et en particulier le canal de la Giudecca (Sud de Venise), où passent aujourd'hui des navires de grande dimension » (voie de passage des pétroliers et porte-conteneurs, Ndlr), précisant que cette décision permettra, de concert avec les autres ministères concernés, Infrastructures et Transports, Environnement et Protection de la terre et de la mer, « une nouvelle phase de gestion des voies navigables vénitiennes pour une protection plus efficace de la ville entière et dans le respect de l'environnement et du patrimoine ».

« Venise condamnée à mort », avaient immédiatement réagi la Fédération nationale des agents maritimes Federagenti et l'Association des agents et courtiers de la région Vénétie. Pour les organismes professionnels, cette décision, qui revient à fermer la ville de Venise aux navires de croisières, menace 18 000 emplois et hypothèque 1,1 Md€ de retombées directes et indirectes sur l'aire métropolitaine. Depuis des années, rappelaient-ils, « les agents maritimes sont engagés en première ligne, avec des études, des recherches, des analyses, toujours partagées avec toutes les institutions publiques et privées, pour démontrer la compatibilité des activités portuaires avec la protection non seulement de Venise mais aussi de sa lagune. Nous avons toujours été ouverts au dialogue et nous continuerons à le faire. Mais sur de telles affirmations, nous ne pouvons qu'exprimer une opposition ferme et réfléchie, pour protéger les activités productives, les emplois et notre histoire commune ».

Pression touristique

Pour trouver des solutions à la problématique récurrente qui accroît la pression touristique (30 millions de visiteurs par an pour 50 000 habitants), le précédent gouvernement avait, de concert avec les compagnies de la croisière, décidé d'un certain nombre de mesures. Il était notamment question de construire un nouveau terminal dédié aux croisiéristes à Marghera, sans les faire transiter par le coeur de ville. La mesure devait être effective début 2019. Aussi, un plan de réduction du transit de géants de la mer à proximité de la place Saint-Marc avait été introduit en 2012 via un décret ministériel limitant le passage des navires de plus de 40 000 tonnes. Ce dispositif était toutefois plus ou moins inutile puisqu’il introduisait une dérogation pour les paquebots de moins de 96 000 t jusqu’à ce qu’un parcours alternatif ait été mis en place.

A.D.

 

Le port de Venise condamné

 

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