Bolloré dans le viseur des Camerounais

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Alors que les palmeraies exploitées par Socopalm au Cameroun empêcheraient les plaignants d'accéder à des terrains et lieux de sépulture et pollueraient les eaux dont ils dépendent, ceux-ci ont obtenu des indemnités de la holding luxembourgeoise Socfin. La prochaine étape est de démontrer le lien de celle-ci avec le groupe Bolloré, afin de l'interpeller sur son "droit de vigilance", pour obtenir des mesures de remise en état sur le lieu de vie des Camerounais.

Crédit photo AFP
Le 13 mars, la holding luxembourgeoise Socfin a payé 142.000 euros à des plaignants camerounais, sur la base des effets néfastes de l'exploitation des terres pour l'huile de palme. Une astreinte infligée par la justice française pour ne pas avoir produit des documents qui pourraient établir ses liens avec l'entreprise française Bolloré.

La société Socfin (Société financière des caoutchoucs) "a procédé ce jour au paiement des 142 000 € qu'elle devait aux 145 plaignants camerounais", a indiqué Me Fiodor Rilov, l'avocat des plaignants, paiement confirmé par le conseil de la holding, Me Dominique de Leusse de Syon.

Les 145 riverains sont engagés depuis de longues années dans une procédure contre la Société camerounaise de palmeraies (Socapalm), qu'ils accusent d'être contrôlée par le groupe Bolloré par l'intermédiaire de Socfin.

Le groupe français détient des participations minoritaires dans le groupe Socfin, qui gère près de 200 000 ha de plantations en Asie et en Afrique.

Selon eux, l'exploitation des terres près de leur lieu de vie les empêche d'accéder à des terrains et lieux de sépulture et pollue les eaux dont ils dépendent.

"Devoir de vigilance"

Dans le cadre d'un référé contre le groupe et la holding luxembourgeoise en septembre, une mesure d'instruction sous astreinte avait été accordée par la cour d'appel de Versailles.

Dès décembre 2022, cette juridiction avait estimé que les activités de la Socapalm étaient "susceptibles de porter atteinte aux droits fondamentaux" des demandeurs "et notamment à leur droit à un environnement sain".

La cour avait alors demandé la production de documents qui pourraient, selon les plaignants, prouver que la Socapalm est contrôlée par le groupe Bolloré à travers Socfin, ce qui soumettrait le géant industriel français au "devoir de vigilance" sur ses activités.

Faute d'avoir produit les documents demandés, un juge avait ordonné le paiement aux plaignants par Socfin d'une astreinte de 140.000 €, auxquels se sont ajoutés depuis 2.000 € de frais.

Puis, en février, les paysans camerounais avaient saisi la marque de la holding, une action validée par des huissiers de justice pour contraindre Socfin à payer, ce qui est désormais chose faite.

Objectif : une remise en état

"Socfin se plie aux décisions judiciaires françaises, même si celles-ci font toutes l'objet d'un recours", a indiqué Me de Leusse de Syon.

Socfin a désormais produit les documents demandés, assure Me Rilov. "Nous allons nous servir de ces documents pour lancer une action au fond sur le fondement du devoir de vigilance contre Bolloré, Socfin et la Socapalm". Il estime "pouvoir démontrer que Bolloré a le contrôle de Socfin"

"L'objectif, c'est des mesures de remise en état" sur le lieu de vie des Camerounais, détaille-t-il.

La rédaction (avec l'AFP)

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