Les 1000 / Le transport exceptionnel fait grise mine

Transport exceptionnel

Livraison par Couturier d’un transformateur de 185 tonnes en montagne sur un brancard de 50 tonnes.

Crédit photo Couturier
En difficulté avec le nouveau système de téléprocédures, les entreprises subissent également les retombées de la crise inflationniste et énergétique qui plombe certains marchés. Elles tablent toutefois sur certains secteurs comme celui de l’énergie pour se maintenir. Voire se développer.

L’année 2023 pour le transport exceptionnel sera probablement à marquer d’une pierre noire. En plus de la crise inflationniste et énergétique, les entreprises du secteur doivent composer avec le nouveau service de téléprocédure Mon-transport-exceptionnel. Lequel remplace Tenet depuis le 26 septembre dernier pour recueillir les demandes d’autorisation individuelle et les déclarations préalables de transport exceptionnel. Par rapport à l’ancienne version, cette nouvelle plate-forme se voulait moderne avec une interface cartographique. « Mais, la question des itinéraires n’a pas été suffisamment anticipée et la plateforme a été mise en service sans être finalisée laissant les pétitionnaires (NDLR les demandeurs d’autorisations) s'en débrouiller, c’est inadmissible de la part de notre Administration ! » soulève Olivier Arrigault, secrétaire général à la FNTR (Fédération nationale des transports routiers) Nord. Autrefois, les tronçons d’itinéraire étaient pré-renseignés, mais actuellement, seuls 25 à 30 % ont été transposés dans la nouvelle application. À charge pour l’entreprise de créer les tronçons manquants avec une appli qui manque d’ergonomie. Résultat, comme il faut saisir les itinéraires manquants, cela prend deux fois plus de temps qu’auparavant, soulève un transporteur. Ce changement d’appli intervient dans un contexte morose au plan économique. « Il n’y a pas de tassement notable en 2023 pour la masse indivisible mais il y a des inquiétudes pour les années à venir, avec le ralentissement de la consommation et la fin des grands chantiers liés notamment aux Grand Paris et aux Jeux Olympiques », rapporte Olivier Arrigault. En revanche, certaines activités ouvrent des perspectives intéressantes si la conjoncture se maintient. C’est notamment le cas du secteur énergétique avec l’éolien terrestre ou Off-Shore, le nucléaire et les mégafactories de batteries.

Concurrence étrangère

Autre marché porteur, celui du spatial et de l’aéronautique. Un secteur sur lequel se renforce Daher avec le rachat cette année des transports Chabrillac. « Par rapport à l’année 2022 où on avait fini sur les chapeaux de roue, 2023 se tasse un peu mais ce n’est pas forcément lié à la conjoncture économique mais à la conjonction de retards de certains programmes», indique Jérôme Pasdeloup, ancien président de l’entreprise toulousaine et aujourd’hui consultant chez Daher. Pour ce dernier qui est également président de la commission FNTR des Masses Indivisibles, 2024 sera une année de transition et la situation devrait s’améliorer en 2025 pour les entreprises de transport. « Toutefois, nous devons constamment rester vigilants face à la concurrence des entreprises étrangères qui ne sont pas soumises aux mêmes exigences que les françaises », regrette Jérôme Pasdeloup,. « Par exemple, lorsqu’un transporteur italien demande une autorisation de circulation, il lui faut beaucoup moins de temps pour l’obtenir dans son pays».

Rachat de Dom’Azur par Capelle

Dans ce contexte, les difficultés techniques posées par mon-transport-exceptionnel constituent un frein supplémentaire au bon déroulement des affaires, comme le souligne Michael Capelle, directeur commercial du groupe éponyme (1200 tracteurs, 2500 remorques et semi-remorques et 2 000 collaborateurs dont 1250 conducteurs). La part du transport représente 90 % de son activité dont 70 % est assuré par le transport exceptionnel. En 2022, le chiffre d’affaires cumulé s’est élevé à 261 millions d’euros contre 280 millions d’euros estimés pour 2023. Le groupe s’est d’ailleurs renforcé cette année en région Auvergne-Rhône Alpes dans les secteurs de l’industrie, du TP et du ferroviaire avec le rachat de Dom’Azur et STDR TEDL. Crâce à quoi, Capelle pourra faire bénéficier ses clients de l’agrément FORS (Fleet Operator Recognition Scheme). Ce qui facilite les accès en Angleterre et notamment dans les agglomérations comme celle de Londres.

Transport exceptionel
Livraison d’une pale d’éolienne par les équipes de Capelle.
Crédit photo : Groupe Capelle

Explosion des coûts

En matière de prévisions économiques, 2024 sera en ligne avec 2023, année qui est perçue par Michael Capelle comme atypique, marquée par une explosion des coûts liée au contexte géopolitique de la guerre en Ukraine. Ce qui a fortement impacté ses activités dans le bâtiment et le TP. Michael Capelle se montre néanmoins confiant dans l’avenir compte tenu notamment de l’ouverture ou la poursuite de grands chantiers comme celui de l’ITER, le métro de Toulouse, la liaison Lyon Turin ou la ligne TGV Bordeaux-Toulouse, le canal Seine-Nord Europe. Pour conquérir de nouveaux marchés, il table d’un côté sur la capacité d’innovation de son bureau d’études et sur le savoir-faire de ses équipes. L’enjeu étant de proposer des solutions multimodales ou combinant transport et stockage intérieur avec des ponts roulants à grosse capacité de levage, jusqu'à 80 tonnes.

Recrutement en vue chez Couturier

Miser sur la qualité, la sécurité et l’ingénierie, c’est aussi le credo de l’entreprise Couturier spécialisée dans le déplacement de charges lourdes, hors normes et opérations complexes. Créée en 1966, cette PME de 55 collaborateurs dont 3 personnes au bureau d’études et 25 conducteurs a été reprise en 2021 par Damien Zucconi, son président. Depuis, le chiffre d’affaires est passé de 4 millions d’euros en 2020 à 10,1 millions d’euros en 2022 et 12 millions d’euros en 2023. « Nous comptons embaucher une petite dizaine de personnes cette année, » prévoit le dirigeant qui se positionne sur plusieurs secteurs dont le génie civil, l’industrie, la pétrochimie, le portuaire et les chantiers navals. Sans oublier l’énergie. En 2024, ce dernier compte encore améliorer son chiffre d’affaires. « Nous avons déjà quelques belles commandes dans le génie civil avec des projets importants de tunneliers et la mise en place d’ouvrages d’art, tels que des ponts », prévoit Damien Zucconi. Lequel prévoit l’an prochain d’investir dans des remorques extra surbaissées. Ce qui va lui ouvrir la voie à davantage d’itinéraires et faciliter l’obtention des autorisations.

 

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