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Avec les annonces régulières de livraisons de grands navires aux armateurs mondiaux, les professionnels du shipping ont l'impression que les chantiers navals ont continué cette année à tourner à plein. Or, après avoir enregistré de très bons carnets de commandes en 2009 et 2010, l'activité est retombée, selon Drewry Maritime Research. Tous redoutent aujourd'hui des niveaux très bas jusqu'en 2014 en raison de la crise qui continue de peser sur le secteur de la ligne régulière conteneurisée et du tramping en matière de vracs. Malgré le départ à la casse de nombreux navires, le phénomène de surcapacité continue de tirer les taux de fret vers le bas et de nuire à la santé financière des armateurs. Du coup, tous les chantiers ont observé un ralentissement du nombre de commandes.
"La crise profite à la Corée du Sud"
Pour sa part, le baromètre annuel de PricewaterhouseCoopers (PWC) explique : "L'évolution récente des commandes va irrémédiablement stopper même si l'année 2012 devrait enregistrer un nouveau record de livraisons notamment à cause de l'énorme proportion d'unités réceptionnée dans le secteur des vraquiers et des porte-conteneurs". Paul Tourret, le directeur de l'Isemar, ajoute dans son analyse publiée dans le rapport annuel de PWC publié récemment : "Depuis 2010, la Chine est devenue le premier pays de construction navale. Mais la crise profite à la Corée du Sud qui, en 2011 et en 2012, a accumulé plus de commandes que son concurrent", l'Empire du milieu.
L'Europe subit la concurrence asiatique
Quant à l'Europe, il explique que le secteur a subi ces dernières années "la redoutable concurrence asiatique et les effets de la crise". Selon lui, "en 2011, les commandes ont été cinq fois moins importantes qu'en 2007. Les livraisons a atteint en 2011 un de ses niveaux les plus bas et 2012 devrait être à peine meilleure". M. Tourret ajoute que "l'Europe a gardé une spécialité dans les navires à passagers mais le carnet est faible avec seulement sept ferries et onze paquebots". Il regrette : "La commande de deux navires du groupe Carnival au Japon n'est pas une bonne nouvelle". Selon le cabinet d'experts londonien Drewry, les perspectives pour 2013 s'annoncent sombres. Les carnets de commandes ne devraient en effet pas progresser. Le taux d'endettement des armateurs doit rester bas et leur accès au crédit continuera à se resserrer s'ils ne parviennent pas à faire redresser les taux de fret. En cette fin d'année, les propositions de GRI (General Rate Increase) sur le "trade" Europe-Asie devraient rester lettre morte auprès des chargeurs car la demande ne repart pas. Le rapport annuel juge que les chantiers navals présents sur la scène internationale vont devoir se battre pour leur survie dans les deux prochaines années en se contentant des quelques maigres commandes qui vont tomber d'ici 2014 pour continuer à faire tourner les ateliers.